samedi 12 octobre 2013

Des toilettes propres, mais sans verrous

Mon voyage se termine (pour tout dire je suis à l'aéroport de Sao Paolo, en transit, 5h30 d'attente, tout de même) et je réalise que je n'ai pas écrit mon traditionnel post annuel sur les toilettes visités pendant mon voyage. Je suis sûre que ça vous manque, je répare donc mon erreur.

>> Premier constat: comme pour le reste, l'Argentine ressemble plus à l'Europe qu'à l'Amérique du Sud en termes de banos. Ici, pas de toilettes publiques gardés par des madames qui distribuent du papier toilette pour 2 pesos. Non, il faut galérer pour trouver et, comme en France, les restaurants l'affichent à l'entrée : toilettes réservées à notre clientèle.

>> 2e constat : la grande différence avec la France, tout de même, c'est qu'ici, c'est PROPRE. D'une propreté irréprochable même. Ca sent bon, on n'a pas l'impression qu'on risque de contracter la peste en touchant la poignée de la porte, limite presque on oserait s'assoir (enfin faut pas exagérer non plus). Le plus souvent, il y a du papier, du savon et des serviettes pour s'essuyer les mains.

>> Contrairement au reste de l'Amérique du Sud, ici, on a le droit de jeter le PQ dans les toilettes et non pas dans la poubelle à côté. Il semblerait que le réseau des eaux usées fonctionne mieux qu'ailleurs! Le réseau des eaux tout court d'ailleurs puisque je suis fière d'annoncer que j'ai bu l'eau du robinet pendant presque tout mon voyage et que je n'ai pas (encore) été malade!

>> En fait le seul, mais le VRAI défaut des toilettes argentines, c'est que bien souvent, elles ne ferment pas à clé!! Parfois il y a un verrou, qui ne marche pas, parfois il n'y en a pas du tout, parfois il y en a eu qui, qui a été enlevé... Toujours est-il que plus d'une fois sur deux, on se retrouve à coincer la porte avec son pied tout en essayant de procéder à ce qu'on est venu faire. Et le pire, c'est que les gens qui, pourtant, donc, savent qu'il y a un risque pour que la porte soit ouverte mais qu'il y ait quelqu'un dans les toilettes, ne prennent pas la peine de frapper! Fatalement, on risque de se prendre quelques portes dans la tronche ou exposé à la vue de tous... Pourquoi cette absence de verrou? Un complot des claustrophobes argentins anonymes? Cela restera un mystère, à moins que quelqu'un ait une explication?

jeudi 10 octobre 2013

Ushuaia, entre mer et montagne, la ville la (presque) plus au sud du monde

Le phare du bout du monde, c'est lui !
Bon, commençons par rendre à César (ou plutôt au Chili) ce qui lui appartient : la ville la plus au sud du monde, c'est Puerto Williams et non pas Ushuaia, même si ça se joue de peu. Mais bon, Ushuaia s'est octroyé ce titre en s'auto-baptisant "ville de la fin du monde" (je vous jure) et Nicolas Hulot en a rajouté une couche donc voilà quoi...

Bref, toujours est-il que symboliquement, ça fait super bizarre d'être là, de se dire que c'est la fin, qu'il y a plus rien après. L'ambiance ici est assez particulière. Normalement Ushuaia c'est très touristique (enfin on s'entend, c'est loin quand même donc tout le monde ne vient pas jusqu'ici non plus), mais comme ce n'est pas encore tout à fait la saison, c'est  la fois calme et mouvementé, on sent que tout reprend vie peu à peu côté tourisme, pendant que l'activité fluviale se poursuit. Eh oui, c'est d'ici que partent les bateau pour l'Antartique. Des croisières d'au moins deux semaines à des prix prohibitifs (ça va chercher dans les 5000 dollars, quand même), mais quelle destination mythique! En regardant les bateaux sur le port on se prend à imaginer la vie des marins et des passagers, ce parcours si étranger qu'ils vont faire dans les prochaines semaines. Et puis il y a aussi tous les cargos pleins de containers multicolores. C'est qu'Ushuaia est située sur le canal de Beagle, un canal naturel (pas grand chose à voir avec le canal de l'Ourcq, ici il est large de plusieurs kilomètres), qui sépare le Chili de l'Argentine et, surtout, relie l'océan Atlantique et à l'océan Pacifique. Fatalement, il y a donc beaucoup de passage, quoi que là encore ce soit bien sûr tout relatif.

A Ushuaia, les Andes plongent dans la mer et les arbres poussent penchés.
Mais Ushuaia, c'est aussi le début des Andes et ça aussi, c'est mythique ! Les paysages sont vraiment impressionnants: les montagnes enneigées se jettent littéralement dans la mer, la ville s'accroche à des rues en pentes qui n'ont rien à envier à celles de San Francisco. Parsemez le tout de quelques arbres qui ont poussé penchés à cause du vent... La carte postale est magique!

C'est sûrement pour ça que pour l'instant je n'ai pas du tout envie de revenir. Mais bon, demain après-midi, je pends l'avion (ah non, je ne refais pas le trajet de bus dans l'autre sens! De toute façon il faudrait trois jours pour atteindre Buenos Aires et mon avion part vendredi!), bye bye el fin del Mundo. Ou plutôt devrais-je dire, bye bye Tierra del Fuego. Une dernière anecdote pour la route : il paraît que les premiers arrivants européens ont ainsi nommé ce territoire à cause des signaux de fumée des Indiens qu'ils apercevaient au loin.

Difficile voyage jusqu'au bout du monde

Mesdalmes et messieurs, le détroit de Magellan !
Bon, on peut dire que je l'ai cherché, mais tout de même, mon dernier trajet en bus n'a pas été de tout repos. Hier, aux petites heures du matin (vraiment, je suis sortie de l'auberge à 2h30 du matin, après 3 h de sommeil), j'ai donc pris un premier bus pour me (re) conduire jusqu'à Rio Gallegos, afin d'y prendre ma correspondance pour... Ushuaia. C'est à quelques kilomètres de Rio Gallegos que les ennuis ont commencé. Enième contrôle douanier (il y en a partout, par ici, rapport notamment  la proximité de la frontière chilienne). Cette fois, les policiers montent dans le bus pour vérifier les papiers (ce n'est pas toujours le cas). Alors qu'ils ont fait le tour des deux étages, le bus ne repart pas et je vois quatre personnes descendre. On attend. 5 minutes, 10 minutes... Au bout de 25 minutes je commence vraiment à m'inquiéter puisque j'ai moins d'1 h pour attraper mon bus suivant. Je vais donc voir le chauffeur qui m'explique avec le plus grand calme que les passagers que j'ai vus descendre n'avaient pas leurs papiers et qu'il faut donc que l'on attende que les policiers aient pu faire les vérifications d'usage. Cela devrait prendre une heure me dit-il le plus calmement du monde. Devant mon énervement, il finit par me trouver un plan B (c'est ça l'Amérique du Sud :)) et me refourgue au bus qui arrive juste derrière.
Finalement j'aurais bien pu arriver en retard puisque le bus pour Ushuaia, pourtant arrivé à la gare bien en avance, partira avec 45 minutes de retard, sans qu'on sache bien pourquoi. Toujours est-il que je n'ai pas petit déjeuné puisque c'est un bus "con servicio" et que l'on m'a précisé que le petit déjeuner et le déjeuner seraient servis. Arf! Si j'avais su! En guise de petit déjeuner, on nous sert deux minuscules biscuits et un café hyper sucré. Le déjeuner ne sera pas plus copieux : deux petits sandwichs triangles "jamon y queso".
Mais bon, le pire est à venir : premier passage de frontière. Il faut en effet traverser un bout de Chili pour arriver en terre de feu. Et les Chiliens, ils ne rigolent pas avec ça. 45 minutes dans le froid avant d'obtenir un visa et de se faire fouiller son bagage. Pas le droit d'amener des pommes ni des produits laitiers ou animaux. Ca tombe bien justement je n'ai rien à manger dans mon sac. Par contre j'ai un couteau et lui il passe sans aucun problème. Allez comprendre :-)
Une heure plus tard, nouvelle pause : il faut attendre le ferry : eh oui, nous allons traverser le détroit de Magellan! Bon j'avoue, on a bien attendu mais quand même, c'est la classe non? J'ai traversé le détroit de Magellan!
C'est le bout du monde !!
16 h : j'en peux plus, j'ai fin et j'aimerais bien arriver. Mais il faut d'abord re-passer la frontière et cette fois ce sont les douaniers argentins qui font du zèle et demandent à fouiller les bagages en soute! "Ils veulent montrer leur petit pouvoir", râle un des chauffeurs du bus. De fait, leur petit pouvoir nous fait perdre encore une petite demi-heure. Mon estomac crie famine!
Vers 18h30 nous atteignons Rio Grande, la dernière ville avant Ushuaia. Et là, surprise: "ceux qui partent pour Ushuaia changent de bus, le prochain colectivo arrive dans quelques minutes!" Evidemment, ce sont des minutes argentines, donc ça prend un peu de temps. 3 h de plus, nous annonce le nouveau chauffeur. Dans le bus, nous ne sommes que deux voyageuses! La sensation d'être au bout du monde ne pourrait être plus présente. Surtout quand l'autre routarde descend à Tolhuin et que je me retrouve seule dans le bus, à la nuit tombée, dans des paysages totalement déserts. Pas trop trop envie qu'on tombe en panne là. Comme la dernière heure paraît longue. Pas une lumière à l'horizon, pas âme qui vive, à part les quelques voitures que l'on croise et qui me rassurent un peu : a priori le chauffeur m'emmène bien vers Ushuaia et pas dans un chemin de traverse pour m'égorger (je sais, je lis trop de polars).
Ce n'est que vers 22 h que mes pieds se posent enfin sur la ville la plus australe du monde (ou presque, j' y reviendrai)! Je n'ai qu'une hâte, poser mon sac, me détendre un peu au calme, manger un morceau et dormir. Ahah ! C'est la fête à l'auberge de jeunesse, tout le monde est attablé dans la salle/entrée et j'arrive à peine à entendre ce que me dit la fille de la réception. C'est soirée "homard" pour tout le monde m'annonce-t-elle, ravie, avant de me montrer le dortoir. Comment dire... De découragement, je serais presque ressortie pour réserver dans un hôtel. Impossible de poser un pied devant l'autre tellement le bordel règne. Je me vois attribuer le dernier lit, en hauteur, sans échelle évidemment sinon ce serait trop facile ! Pfiou, la fin du monde, décidément, ça se mérite!

lundi 7 octobre 2013

Inoubliable Perito Moreno...

Impossible de rester insensible au charme de Perito...
Non, ce n'est pas le bel Argentin que tout le monde me prédit que je vais ramener! Enfin Perito Moreno était bien un monsieur mais ça fait un bail qu'il a passé l'arme à gauche. C'était un explorateur, adulé ici, qui a permis notamment de marquer la frontière avec le Chili. En hommage, on a notamment donné son nom à l'un des glaciers les plus impressionnants d'Amérique du Sud. Et j'avoue : c'est comme pour le Machu Picchu, on a beau avoir vu des dizaines, voire des centaines de photos, l'arrivée vers le glacier, cette première seconde où il apparaît sous les yeux, coupe vraiment le souffle.
Une véritable barrière de glace de plusieurs dizaines de mètres s'élève dans l'eau, à perte de vue. Les couleurs, du blanc au bleu presque foncé, sont incroyables. chaque année, la glace avance de quelques mètres. En descendant du glacier, elle se réchauffe, fond peu à peu et finit par s'effondrer par grosses plaques dans la lagune. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi impressionnant : les tonnes de glace se fracassent à la surface de l'eau avec un bruit de tonnerre incroyable. On pourrait rester des heures à contempler ce spectacle vraiment hors du commun.
I did it !
Mais ma mission du jour, c'est d'escalader le Perito Moreno, oui oui, rien que ça! :-) Oui bon OK, pas toute seule. Nous sommes une vingtaine de privilégiés à avoir eu une place pour la randonnée "big ice" : 6 h de marche, dont 4 sur le glacier, avec des crampons et 4 guides spécialisés pour nous éviter de tomber dans les crevasses ou les puis sans fond qui drainent l'eau jusque sous le glacier c'est à dire 180 m plus bas. Ca fait haut pour tomber dans une eau à 2 degrés, c'est sûr.
Alors, première expérience intéressante : les crampons! Après avoir galéré pour grimper sur des sommets enneigés cette semaine, j'apprécie : on peut marcher dans tous les sens, monter, descendre : on ne dérape pas du tout, un vrai bonheur! S'ensuivent 4 heures magiques à explorer les crevasses du glacier, à contempler les eaux d'un bleu turquoise incomparable, à s'engouffrer dans des tunnels naturels en espérant qu'on va en ressortir (oui, je suis légèrement claustrophobe...).
Gloups le tunnel !
Pour tout dire j'étais un peu maussade aux premières minutes de l'excursion, rapport au froid, à la pluie et au vent qui sévissaient en haut du glacier. Mais impossible de ne pas se laisser séduire par la magie du lieu et du moment. C'est donc avec une grande nostalgie que demain soir je vais quitter la Patagonie (à 3h du matin en fait, bizarre comme horaire de bus...). Après la glace, le Feu de la terre de la fin du monde...
 

dimanche 6 octobre 2013

El Chalten, capitale nationale du trekking et ville de pionniers

Alors comment dire... Si j'ai pris un peu de retard dans mon blog c'est que je viens de passer trois jours dans un endroit presque (presque hein, faut pas exagérer non plus, c'est l'Argentine) coupé du monde, pour mon plus grand plaisir.


El Chalten, mon petit coin de Patagonie
El Chalten, c'est un village de 3000 âmes, niché au pied du Fitz Roy, une des "montagnes sacrées" des Argentins, particulièrement difficile à escalader. C'est d'ailleurs une équipe de Français qui est parvenue à vaincre ce "mur" de 3400 mètres, dont près de 2000 mètres pratiquement à la verticale. Bref : El Chalten, en 1980, n'existait pas. Seules quelques caravanes accueillaient les andinistes qui venaient se mesurer au Fitz Roy. Sauf que ces montagnes sont très proches de la frontière avec le Chili. C'est donc le gouvernement argentin qui a décidé de créer ce village de toutes pièces, en 1985, pour s'assurer que le Chili ne rognerait pas sur sa frontière.

Des heures de marche dans des paysages incroyables.
Et la mayonnaise a pris, si je puis dire. Aux ferrus d'escalade se sont ajoutés les adeptes de la marche en montagne. La région fait partie du parc national des glaciers et de nombreux sentiers, très bien balisés, ont été tracés dans les montagnes. Pas pour les marcheurs du dimanche, comme dirait le Routard, mais tout à fait faisable quand même. El Chalten a donc assez rapidement pris de l'ampleur, même si la plupart des hôtels et restaurant ne sont ouverts qu'entre octobre et avril.

Arrivée en ce 2 octobre, jour d'ouverture de la saison, il régnait donc une ambiance toute particulière : seuls quelques restaurants étaient ouverts, les étagères du petit supermarché quasiment vides à l'exception de quelques conserves... L'impression géniale d'être dans un endroit coupé de tout! Et très vite, on réalise que la vie est en train de reprendre ses droits : au fil des jours qui passent, de plus en plus de restaurants rouvrent leurs portes. Très vite, on réalise que le village est par ailleurs en pleine expansion. Partout, les coups de marteau résonnent, à chaque coin de rue on trouve des bâtiments en cours de construction, des ouvriers qui s'affairent. Quelque chose me dit que d'ici 5 ou 10 ans, l'ambiance sera déjà moins intéressante.

Mais il restera les longues marches dans ces paysages spectaculaires les glaciers que l'on peut approcher à quelques mètres, la vue sur le vertigineux Fitz Roy, les courbatures après 9 h de marche et 800 mètres de dénivelé, les bons plats chaud et le verre de vin rouge dans le petit restaurant familial après une longue journée. A El Chalten, j'ai trouvé la Patagonie et j'y serais bien restée! Mais le temps passe et je n'ai plus que 5 jours pour accomplir mes deux dernières étapes. Demain, je pars à l'assaut du glacier Perito Moreno : 4 h de marche sur le glacier!

samedi 5 octobre 2013

De la passion des Argentins pour les années 80

32 heures de bus, le temps d'admirer le paysage !
Bon, un petit post pour me relaxer après près de 10 h de marche en montagne. Me voici donc arrivée dans la charmante bourgade d'El Chalten, au fin fond de la Patagonie, vraiment. Ce qui explique qu'il m'ait fallu 32 heures de trajet pour y poser mon sac à dos (enfin mon sac à roulettes, je m'embourgeoise); Bref, tout ça pour dire que du coup j'ai bien eu le temps d'étudier, pendant ce voyage en bus et ceux qui ont précédé, les goûts des Argentins en termes de musique. Evidemment, on s'entend que les goûts de chauffeurs de bus ne sont pas forcément ceux de l'Argentin "moyen". Mais ce qui est frappant, c'est que tous les bus, sans exception, nous ont proposé un petit florilège des plus grands tubes des années 80, parfois avec le clip qui va avec (mais en décalé, ce qui fait que Sabrina se dandinait sur une chanson de Brian Adams, par exemple).
Madonna, Elton John, Sabrina donc, Roxette (que j'avais totalement oublié!), Desireless même et, globalement, tous les tubes qui rentraient dans la tête et ne voulaient plus en sortir. Ca fait donc trois semaines que je me surprends régulièrement à fredonner "One more night", "YMCA" ou encore "She's got the look" alors que je ne les ai jamais réellement écoutés. Mais le plus drôle, ça reste vraiment de revoir les clips, il y a des looks et des gestuelles (le petit jeté d'épaule par exemple, ils le faisaient tous) qui vieillissent mal, très mal en fait.
Mis à part ces petits intermèdes musicaux, les bus argentins sont très agréables. Pour les trajets de nuit, je choisis toujours des sièges "cama" qui s'inclinent à 160% (la précision est importante!) et, à moins que je me retrouve à l'étage du haut, en général j'arrive presque à dormir normalement. En plus d'être donc "logés" nous sommes également nourris, puisque petit déj, déj, goûter et diner sont servis à bord. Vraiment pas mauvais en plus!
Ajoutez à cela que nous avons souvent droit à des films récents et que les bus arrivent à l'heure... Vous conviendrez que le système est presque parfait :-)!
Pour ceux qui auraient l'intention de voyager en Argentine prochainement, je recommande Andesmar pour le service et Via Bariloche pour le confort. Si vous pouvez, évitez Don Otto, un peu décevant par rapport aux autres. Mais bon, ils se valent tous plus ou moins et, surtout, ils ne sont pas nécessairement sur les mêmes trajets donc vous n'aurez pas forcément le choix.

mardi 1 octobre 2013

Les touristes étrangers, vaches à lait des Argentins?

Je sais, j'ai déjà parlé d'argent pas mal dans mes derniers posts mais c'est vraiment un sujet omniprésent ici et, cette fois, il s'agit surtout de râler. Je suis française, après tout!

Rencontre entre une Manchoise et un manchot ;)
A Puerto Madryn, le sentiment d'être pris pour un dollar sur patte est beaucoup présent que dans toutes les autres villes où j'ai fait escale jusqu'à présent. Tous les touristes étrangers que je croise ont le même discours: "On a explosé notre budget", "On n'a pas pu aller voir les baleines, c'était trop cher", "On cherche quelqu'un pour louer une voiture avec nous"... Les distances sont énormes, les locations de voiture hors de prix, les prix des excursions exorbitants...
Cerise sur le gâteau : les touristes étrangers ne paient pas tout à fait le même prix que les touriste nationaux quand il s'agit dans les parcs ou les musées. Deux exemples récents.
>> Péninsula Valdès : 40 pesos pour les Argentins, 130 pesos pour les étrangers
>> Punta Tombo : 30 pesos pour les Argentins, 78 pesos pour les étrangers
Ce qui m'énerve le plus, c'est que ce sont des sites naturels, pour lesquels personne n'a investi quoi que ce soit, si ce n'est quelques mètres de cordes pour empêcher les gens d'aller sur la plage où se trouvent les manchots ou les éléphants de mer. Aujourd'hui, à Punta Tombo, ça m'a vraiment choquée. C'est là que crèche la plus grande colonie de manchots de Magellan, pas moins de 250000 nids, tout de même. Ultra impressionnant, magique même, donc je ne regrette pas un peso dépensé pour y aller. Mais les autorités sont en train de transformer ce phénomène naturel en véritable phénomène de foire. Depuis quelques années, un chemin a été construit ainsi qu'un restaurant et des installations qui visent visiblement le tourisme de masse, même si pour l'instant ça n'est pas encore le cas (c'est vraiment au bout du monde, 3h de route depuis Puerto Madryn, dont 22 km sur une piste). Et ça m'énerve vraiment, de penser que les gens se font du fric sur le dos des manchots.

Quant à la différence entre Argentins et étrangers, je peux la comprendre jusqu'à un certain point mais là ça dépasse les bornes de limites. En venant ici, en dépensant des sous dans les hôtels, les restaurants, les sorties, nous contribuons tout de même déjà pas mal au PNB non? Plusieurs guides m'ont dit ces derniers jours que depuis deux ou trois ans, il y avait beaucoup moins de touristes européens et qu'ils accueillaient essentiellement des nationaux. Phénomène également observé de mon côté, je suis presque toujours la seule européenne. Paradoxalement, à l'inverse, les touristes peuvent se faire soigner gratuitement ici. Ce que je ne trouve pas juste dans l'autre sens : on ne contribue pas au système de santé, il n'y a pas de raison qu'on puisse en profiter gratuitement.
Bref, avec la diminution des touristes dollarisés, le pays reverra peut-être sa politique?

Une journée sur la peninsula Valdès, priceless (ou presque)

Ils sont trop mignons ces petits manchots de Magellan.
Aujourd'hui, j'ai vu des guanacos, des renards, des manchots, des lièvres de Patagonie, des moufettes, des éléphants de mer, des manchots de Magellan et des baleines. Et non, je n'étais pas au zoo.
Comme tous les touristes qui traînent leurs guêtres jusqu'à Puerto Madryn, je suis venue voir les bêbêtes sauvages qui traînent pas ici. Et pour ça, il faut aller faire le tour de la Péninsula Valdès.  Pour ça, pas beaucoup de choix : soit on loue une voiture, soit on prend une excursion. Deuxième option pour moi aujourd'hui, il n'y avait plus de voitures disponibles.
Ce qui frappe au premier abord c'est... qu'il n'y a rien! Question paysage, c'est légèrement monotone : un terrain quasiment plat et une végétation à ras du sol, du bush quoi. Mais très vite, la faune vient compenser ce que la flore n'a pas à offrir. A peine franchie la limite du "parc", nous apercevons un petit guanaco, typique d'ici. Il ressemble beaucoup au lama, à la vigogne ou encore à l'alpage. Et puis tout au long de la route qui nous mène vers la mer, les belles découvertes s'enchaînent : des lièvres de Patagonie, qui ont l'ait de porter un paletot, par exemple. Ces petites bêtes se déplacent toujours par deux, ils sont monogames et forment le même couple jusqu'à la mort, nous explique notre guide.
Plus loin, un petit renard gris (c'est là que j'ai réalisé que Zorro, en espagnol, veut dire renard... Je sais, j'ai honte), une moufette... Et quantité de moutons car ces terres sont en fait des propriétés privées, des estancias, qui sont tenus par les mêmes quelques familles de la péninsule depuis des générations.
Les éléphants de mer, des patates avachies sur la plage...
Première escale : les pingouins! Ah non, les manchots, pas pareil!! Incroyable, ils ont fait leurs nids sur la côte et nous pouvons les approcher à quelques centimètres sans que ça les perturbe pour autant. Ils sont trop mignons, avec leur démarche de "canard". Puis petit détour pour aller observer les éléphants de mer. Je sais pas si vous avez déjà vu ces espèces de gros pachydermes, c'est vraiment impressionnant, on dirait de grosses pommes de terre de plusieurs tonnes. A Punta Delgado, on peut observer une colonie particulièrement importante et c'est la saison des naissances, donc particulièrement intéressant. Coup de bol, nous avons droit au grand spectacle : à notre arrivée, deux mâles sont en train de se battre presque à mort (mais s'arrêtent heureusement avant). Des dizaines de bébés sont en train de boire auprès de leur mère. Et puis soudain, LE grand moment : une femelle est en train "d'accoucher"... Nous le repérons cars les mouettes se précipitent vers elle, pour récupérer le placenta, qu'elles engloutissent (oui, beurk). Le bébé fait déjà une quarantaine de kilos, mais il paraît tout petit à côté de ses parents...
Vient ensuite LA grande étape de la journée : le bateau pour aller observer les baleines. J'avoue que j'ai un peu peur de leur vomir dessus vu la mer un peu démontée mais non, le bateau reste bizarrement assez stable. Et surtout, tout ça est bien vite oublié dès qu'on aperçoit les premières baleines. Elles sont à quelques centimètres! Certaines passent sous le bateau, d'autres assurent le spectacle.... 1h30 de magie... Mais on comprend vite pourquoi cette espèce a été décimée par l'être humain il y a quelques années : les "right whales" aiment bien les humains, elles n'ont pas peur et semblent s'amuser à nous approcher au plus près... Pas une très bonne idée pour elles, en fait!
Bref, vous l'aurez compris, la péninsule Valdès, c'est l'endroit rêvé pour voir des animaux "exotiques" dans leur habitat naturel. Mais n'espérez pas pouvoir sortir des sentiers battus. Ici tout est ultra balisé, toutes les terres sont privées et il est totalement impossible de s'échapper du programme concocté pour les touristes. Un peu frustrant, tant on aimerait pouvoir se promener sur la péninsule et profiter de ces grands espaces complètement vierges.
Bon, et quand je dis priceless, c'est vraiment pour la formule parce qu'en fait, ça a un prix tout ça : à peur près 150 euros la journée. Même en y allant par ses propres moyennes on ne descend pas en dessous de 130. A ce prix-là, il vaut mieux réussir ses photos! ;-)

dimanche 29 septembre 2013

Voir ses premières baleines, depuis la jetée du port...

Bref résumé des dernières 24 h : après une journée en altitude (-10 degrés, quand même, plus le facteur vent) pour admirer la vue depuis la station de ski de Catedral, j'ai donc pris le bus pour Puerto Madryn, une cité balnéaire où l'on peut observer quantités d'animaux marins en tous genres.

Puerto Madryn, ou le cauchemar architectural...
Comment dire... Le débarquement est un peu rude. Mauvaise nuit dans le bus pas top confortable, 7h du matin et, surtout, la pluie, la pluie, la pluie... Après avoir déposé mes affaires à l'auberge, nous partons, avec mes potes belges, à la recherche d'un loueur de voiture et d'une agence de tourisme. Pas trop dur, ils sont littéralement à chaque coin de rue. Une fois tout booké (et le portefeuille bien dégarni... Je pense que c'est la première fois que je vois des prix aussi élevés pour faire des trucs de touriste...), petit tour sur la plage et sur la jetée. Et là, magique : les baleines sont là, à quelques mètres à peine, vraiment tout près, qui viennent respirer et jouer. C'est la pleine saison jusqu'en décembre, les mamans nourrissent leurs petits au bord des côtes. Il y en a un millier rien que dans la baie de Puerto Madryn. Ce sont des "right whales", les Anglais les appelaient comme ça parce qu'elles étaient amicales, s'approchaient beaucoup des humains et étaient donc faciles à tuer... De fait, elles sont tout sauf farouches et semblent même prendre un malin plaisir à venir nous taquiner puis à s'éloigner de nouveau.

Plus tard dans la journée, nous les observons depuis une plage plus au nord, où elles sont encore plus nombreuses. Notre guide nous raconte leur vie, même si on en sait encore assez peu. Ainsi, le premier accouchement a pu être observé et filmé il  y a seulement un an. La gestation dure près d'un an et la femelle fait en moyenne un petit tous les trois ans. Ces petites bêtes de 35 tonnes vivent pas moins de 70 ans en moyenne, même si là encore on manque de recul.

Je sais, vous êtes déçus, je n'ai pas de photos à vous montrer, mais je suis particulièrement nulle en photo animalière et en plus je n'ai pas amené de zoom. Donc désolée, mais vous voilà "pognés" avec une photo de Puerto Madryn, qui se distingue vraiment par sa non-séduction d'un point de vue architectural. Je pense qu'il aurait été difficile de faire pire!

Demain, excursion sur la péninsula Valdès, pour observer des manchots, des éléphants et des lions de mer et autres bestioles bizarres.

vendredi 27 septembre 2013

800 m de dénivelé en 3h : j'ai vaincu le Cerro Lopez (presque)

Je n'ai plus de jambes. Ou plutôt, je les sens trop bien, elles tirent, mon genou droit a doublé de volume et j'ai les pieds en compote. Mais ça valait vraiment le coup, même si je suis pas sûre d'être capable d'aller skier demain.

Vous voyez la petite maison tout en haut? C'est le refuge !
Et ici, on avait déjà fait plus des deux tiers du parcours...
Aujourd'hui, j'avais décidé de partir à l'assaut du Cerro Lopez, une montagne d'où on a une très belle vue sur toutes les montagnes environnantes et les lacs. "Ca prend environ une journée. Ca grimpe mais c'est très bien indiqué, on ne peut pas se perdre", m'avait dit la fille du club andino. Par chance, hier j'avais rencontré un couple de Belges qui pensait faire la même chose aujourd'hui, du coup nous y sommes allés ensemble. Heureusement, car je serais peut-être encore en train d'errer dans les montagnes, ou alors j'aurais rebroussé chemin bien avant la fin.

Comment dire.. Ca commence fort! D'habitude en montagne, du moins dans les randonnées que j'ai faites, et y compris dans les Andes, il y a des grimpettes, puis des moments où c'est presque plat, des moments où ça grimpe mais pas à flanc de coteaux. Bin là, nan, il semble que le chemin ait été taillé en ligne droite ou presque, pour rejoindre le sommet au plus vite. Ah, c'est plus court c'est sûr, mais c'est aussi sacrément plus dur! Les 45 premières minutes sont vraiment très dissuasives. Mes nouveaux amis font 1,80 m et sont habitués à la rando en montagne, ils ont l'air de peiner, mais moins que moi franchement et je redouble d'effort pour qu'ils ne me distancent pas trop ou ne se sentent pas obligés de m'attendre. J'ai le cœur qui bat la chamade, les cuisses qui brûlent sous l'effort et là, je me demande à quoi mes 3 heures hebdomadaires de gym suédoise ont bien pu me servir, j'ai l'impression d'être une petite vieille!! Mais au bout de 45 minutes, jolie surprise : nous avons déjà atteint le premier refuge qui se trouve normalement à 1 h de marche. Je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai trouvé ça dur, on a speedé! Petite pause au soleil pour engloutir un sandwich, au milieu d'étudiants en sport qui descendent du refuge que nous voulons atteindre. "Il y a beaucoup de neige", nous expliquent en nous montrant leurs pieds. Ils les ont entourés de sacs plastique avant d'enfiler leurs baskets pas tout à fait étanches. Bon, ça promet. Quant au refuge, on l'aperçoit, mais il paraît définitivement plus loin que les deux heures de marches indiquées... Est-ce vraiment cette maison rose tout en haut?

Nous nous remettons en route. Premier faux départ : après 15 minutes de marche nous réalisons que nous ne sommes PAS sur le chemin, qui n'est pas du tout bien indiqué, en fait. Redescente vers le refuge, où nous finissons par retrouver la trace de la piste. 30 nouvelles minutes d'une bonne montée bien à pic et ENFIN nous atteignons du plat. Pas vraiment plus facile pour autant parce que maintenant, il y a de la neige, il faut donc avancer avec précaution. 30 bonnes minutes plus tard, nous ne sommes vraiment plus très loin du refuge, il est juste quelques mètres au dessus. Problème : la neige est très épaisse et, surtout, elle a gelé. Une vraie patinoire. Et si on glisse, on peut très vite se retrouver plusieurs centaines de mètres plus bas, nous sommes vraiment à flanc de montagne. Que faire? Nous ne sommes plus qu'à 500 mètres, grand max, sans doute moins. Première approche par la droite, impossible, retour sur nos pas. A gauche, c'est plus pentu mais moins glissant. Nous progressons quelques minutes mais, à quelques centaines de mètres du refuge, nous décidons tous les trois d'abandonner. Pas trop envie d'être rapatriés en hélico. En plus la veille une dame nous a raconté qu'il y avait eu une avalanche il y a quelques années, où des dizaines d'étudiants avaient trouvé la mort.

Sagement nous décidons donc de rebrousser chemin. De toute façon, le refuge est fermé, donc à part gagner quelques mètres d'altitude pour la vue, ça n'aurait rien changé. La descente est ardue, surtout sur la partie neigeuse. J'essaie de marcher dans les traces de mes compagnons mais comme ils ont des jambes deux fois plus grandes que les miennes, c'est difficile! Finalement, à 16h45, nous arrivons enfin en bas, fourbus mais heureux. Plus tard, grâce à Google, j'apprendrai que nous avons grimpé 800 mètres de dénivelé en moins de 3 h !Comme au ski, après deux autres kilomètres à pied, escale bien méritée dans un pub face au lac, pour savourer un bon burger bien gras et une bière bien fraîche !

Demain, j'ai déjà réservé le jacuzzi, histoire de pouvoir me décourbaturer un peu avant de prendre le bus pour Puerto Madryn!

Bailoche, nid douillet des Nazis

Bon évidemment Bariloche va tout de suite paraître moins sympathique. Vous savez sans doute que certains nazis ont trouvé refuge, à la fin de la guerre, en Argentine. Ils ont notamment été aidés par Juan Peron, moyennant finances. Combien exactement? Personne ne sait le dire, entre plusieurs centaines et plusieurs milliers, même les archives sur le sujet, rendues publiques en 1992, ne répondent pas.

Ca ressemblait à chez eux, donc ils se sont installés tranquillement.
Mais il y en a eu, beaucoup. Ils se sont majoritairement installés dans trois villes argentines : Cordoba, Mendoza et... Bariloche. On dit que cette petite ville au milieu des montagnes et des lacs, avec ses chalets en bois tout mignons, ressemblait beaucoup à leur chez-eux, qu'ils avaient dû quitter un peu précipitamment... Ils sont donc plusieurs à avoir établi leurs quartiers ici, pensant sans doute qu'on ne viendrait pas les y chercher (grosses erreur, j'y viendrai). Ainsi, Mengele a passé son permis ici, un autre dont j'oublie le nom tenait une épicerie tandis qu'un troisième était carrément devenu responsable d'un centre de santé... No comment. Quant à Otto Meiling, il fut responsable un temps du club alpin (ici, le club andin, en fait), celui-là même avec qui j'ai fait une excursion hier, gloups. Eichmann, lui a eu moins de bol que les autres : dans les années 1960, Israël est venu le chercher dans ses montagnes, il a fini pendu à Tel Aviv. Plusieurs autres seront retrouvés par des chasseurs de Nazis au fils des ans, mais beaucoup sont toutefois passés à travers les mailles du filet, sans jamais être retrouvés. Il se disent que certains finissent de couler des jours heureux, ici, dans les montagnes de Patagonie...

jeudi 26 septembre 2013

Bienvenue au Tronador, le glacier noir

A droite, le glacier. Il y a 10 ans, à la place de l'eau, il y avait un glacier...
Ca sonne un peu comme un titre de thriller nan? Je suis sûre qu'il y aurait moyen d'écrire un polar qui se passe dans l'auberge qui se trouve au pied du Tronador... Bon, mais ce n'est pas le sujet. Aujourd'hui, je suis donc allée voir le glacier noir, au cœur d'un parc naturel hallucinant de beauté, j'y reviendrai. On l'appelle glacier noir car la glace, en descendant, se mélange à la terre et prend une couleur vraiment très sombre, vue de loin. De plus près, elle est en réalité marbrée.

Les glaces les plus proches de nous sont vieilles de plusieurs millénaires. Elles se forment au somment, en hiver, puis descendent très très progressivement. Enfin de moins en moins progressivement d'ailleurs, le phénomène s'accélère d'année en année. D'ailleurs, le Tronador s'appelle ainsi parce que le bruit de la glace qui se détache de temps à autre ressemble au bruit du tonnerre qui gronde au loin. 30 minutes sur place et nous l'avons entendu plusieurs fois!

En chemin pour la cascade
Sur le chemin qui mène au Tronador, une véritable coulée dans la forêt semble avoir été totalement saccagée : tous les arbres sont par terre, les pierres ont été broyées, comme si une tornade ultra puissante était passée par là. En fait, c'est pire : il y a 4 ans, un énorme morceau de glace s'est détaché du glacier, il a foutu le souk dans la lagune, tout a débordé assez gravement et saccagé le lit de la rivière sur plusieurs kilomètres... Petit aperçu de ce qui nous attend avec la fonte des glaces, hihi. D'ailleurs le glacier que l'on aperçoit aujourd'hui a diminué de moitié par rapport à 1942, photos à l'appui. Le phénomène s'est accéléré depuis 10 ans. J'ai bien fait d'y aller maintenant moi, dans 10 ans, pas sûr qu'il reste grand-chose...

Vue depuis le Cerro Campanario...
Sur une note plus légère, cette journée en pleine montagne, à gambader (bon, ok, à grimper en file indienne sur les petits sentiers) d'une cascade à l'autre, fut un véritable bol d'air pur. Des montagnes, des lacs, des arbres majestueux... I mean, what else? J'ajoute d'ailleurs plusieurs photos à ce post, car parfois, ici en tout cas, les photos parlent mieux que les mots.

J'avais prévu de vous parler des Nazis de Bariloche (tout de suite moins fun hein), mais ce sera pour demain. J'ai rendez-vous à 8h30 donc je vais devoir écourter ma soirée si je veux réussir à gravir le Cerro Lopez !

mercredi 25 septembre 2013

Argentine, le pays où la vie est plus chère

Heureusement, il reste les bons de réduction Carrefour ! ;)
Avant de dire combien je suis tombée amoureuse de Bariloche, de ses lacs et de ses sentiers de randonnée, je voudrais revenir sur un sujet très présent dans toutes les conversations et qui me coûte, c'est le cas de le dire, au quotidien.

Je l'ai déjà dit, les prix ici sont presque similaires à ceux de la France. En fait, certaines choses sont un peu meilleur marché (les transports en commun, sauf l'avion, les restaurants un peu), tandis que d'autres sont carrément plus chères (l'hébergement est équivalent, la nourriture dans les supermarchés est hors de prix)... Pour exemple, je suis allée faire des courses pour mon pique-nique de demain et voici la note.

>> Pain : 2 euros (j'ai pris le moins cher, un reste d'invendus en sachet, sinon le pain de mie en paquet est à 2,50 minimum)
>> 6 tranches de fromage pour sandwich : 1,80 euro
>> Eau, 0,5 litre : 80 centimes
>> Yaourt (à l'unité): 1,50 euro
>> Sac plastique pour ranger mes courses : 1,20 euro

Certes, on est en Patagonie, c'est un peu comme aller faire ses courses dans un supermarché d'une station alpine, mais quand même... Le salaire minimum ici est d'environ 3000 pesos (400 euros) soit trois fois moins qu'en France. Et pourtant, les gens semblent, en apparence, vivre comme nous. Ils ont de belles voitures, ils s'habillent bien, ils sortent, ils consomment et même ils voyagent... Il y a forcément un problème dans l'équation!

Ma sensation, c'est que les gens vivent un peu au jour le jour, sinon à crédit, puisqu'on ne sait pas de quoi demain sera fait. "Le peso, ça ne vaut rien. Cette fourchette par exemple, demain peut-être qu'elle coûtera dix fois plus cher, ou dix fois moins, m'expliquait Mickaela, notre guide des vignobles à Mendoza. Je peux très bien avoir trois millions de pesos sur mon compte en banque maintenant, si ça se trouve demain ils ne vaudront absolument plus rien." C'est pour ça que les dollars et les euros se monnaient si cher sur le marché noir. Ce sont des valeurs sûres et comme les Argentins n'y ont pas directement accès, à moins de partir à l'étranger, ils tentent de s'en procurer comme ils peuvent. Même dans les bureaux de change, on peut demander des pesos "informels", le taux sera différent !

C'est cyclique : l'économie argentine se casse la figure à peu près tous les dix ans. Le dernier krash ayant eu lieu en 2001, le prochain est pour bientôt, tout le monde ici le dit. Alors en attendant, ils auraient bien tort de ne pas en profiter, non?

mardi 24 septembre 2013

Bariloche vaut bien 18 heures de bus

Bon, ce ne fut pas sans peine, mais ça y est, je suis en PA-TA-GO-NIE!! Plus précisément, j'ai foulé le sol de Bariloche un peu avant 15h, après pas moins de 18h de bus. Un bus que j'ai bien failli ne jamais prendre puisque, sachez-le aucun café internet n'est ouvert à Mendoza le dimanche. Ni quasiment aucun magasin tout court, d'ailleurs. Mêmes les agences de voyages sont fermées. Un peu surprenant pour une ville dont la 3e ou 4e ressources est le tourisme mais enfin... Bref, donc encore une fois, c'est la gentillesse d'un Argentin qui m'a sauvée. Le photographe, lui, était ouvert. Après m'avoir fait faire le tour de la ville en m'assurant que je trouverais bien un cyber ouvert, il a fini par accepter de m'imprimer mon billet. Ouf! C'aurait été dommage d'avoir un siège réservée et de ne pas pouvoir grimper dans le bus, juste pour défaut d'imprimante...

Coup de foudre direct pour Bariloche!
Alors, comment dire, la prochaine fois j'essaierai d'éviter les couchettes du premier étage. J'ai passé 18 heures nauséeuses, à tenter de penser à autre chose tandis que le bus tanguait aussi sûrement qu'un bateau sur l'océan Atlantique (oui bon, j'en rajouter peut-être un peu :)). Là où le bus de ViaTac était partculièrement confortable l'autre jour, celui d'Andesmar se fait un peu vieillissant, entre les toilettes qui fuient, la télé qui marche mal et compagnie. Bref, 18 heures donc fort peu agréables dans l'ensemble (et, bien évidemment, le seul ronfleur du bus était assis juste à côté moi!), vite oubliées quelques dizaines de kilomètres avant d'arriver à Bariloche. Le paysage de pampa (on en fait tout un plat mais justement, c'est juste plat et désertique, franchement) cède peu à peu la place aux montagnes, aux lacs et aux arbres. Les pré-Andes sont verdoyantes, le bleu des lacs éclatant et, au loin, les Andes se détachent, blanches et enneigées, sur un ciel bleu azur là encore. Chaque fois que je me rapproche des Andes, c'est ce que je trouve le plus frappant, ces couleurs limpides, éclatantes. Bon, ça veut aussi dire que je vais devoir me racheter une paire de lunettes de soleil, les miennes ne suffisent pas. Mais on s'en fiche, c'est beau!

Difficile de décrire Bariloche tellement, ici, les photos parleront mieux que les mots. Une petite ville adorable, au style vaguement suisse, au bord d'un lac entouré de montagnes... C'est tout simplement magique! A l'instant où j'ai découvert la vue sur le lac depuis la terrasse de mon hostel, j'ai su que ça allait bien se passer. Il parait que les Européens délaissent cette ville parce que ça ressemble trop aux Alpes! Bon, oui il y a des montagnes, oui il y a des chalets mais à part ça... Je n'ai pas l'impression d'être à Chamonix (enfin je n'y ai jamais mis les pieds, d'un autre côté)!

Le gros avantage de Bariloche c'est qu'on peut partir seul en randonnée. Le club Andino fournit de précieux conseils, les pistes sont accessibles en bus et demain je m'en vais donc crapahuter dans les montagnes. Ah oui au fait : en ce 2e jour de printemps ici, je me suis promenée en t-shirt tout à l'heure. :-)

dimanche 22 septembre 2013

Du coup de soleil aux engelures, en moins de 24 h !

Bien, je vais tenter des résumer ces deux jours à Mendoza en un seul post, parce que c'est plus drôle et le contraste n'en sera que plus frappant.

Vendredi, un temps magnifique en montagne..
Vendredi, je m'étais donc organisée pour faire des activités en montagne, trekking, rappel et randonnée à cheval. Départ sous un grand soleil. Après une heure de route, arrivée au "camp de base", un restaurant avec terrasse géante, au bord d'un lac. Il n'est pas 11H et déjà j'enlève mon manteau tellement il fait chaud au soleil. Hop, c'est parti pour deux heures de randonnée à cheval. Comme à chaque fois depuis le début, je ne suis qu'avec des Argentins, à croire qu'il n'y a plus de touristes étrangers en cette saison, en tout cas pas de Français, ce qui n'est pas pour me déplaire! Une randonnée extraordinaire, au milieu des montagnes "pré-andines". Il y a trois chaînes de montagnes qui se suivent, à des hauteurs différentes. Les pré-Andes sont de l'ordre de 2000 à 2500 mètres d'après ce que j'ai compris. Bref, en tout cas c'est magnifique, un paysage un peu désertique, un ciel bleu resplendissant et des chevaux bien obésissants, pfiou ! Deux heures qui passent bien vite, mais finalement, si j'en juge par mes courbatures aujourd'hui, c'était bien suffisant!
L'après-midi trekking permet de s'aventurer encore un peu plus en montagne. Vient le défi ultime de la journée : faire une descente en rappel. Oui oui, j'ai fait une descente en rappel, moi! Bon, ok, une toute petite descente. Et j'avoue que je galère un tout petit peu pour essayer de comprendre comment ça marche ce truc-là. En plus, la dame me dit que je suis "trop maigre" pour le harnais de sécurité! Ah bin c'est bien, me voilà tout de suite rassurée! Bref, entre les termes techniques et l'accent que j'ai toujours du mal à comprendre, j'avoue que j'essaie surtout d'imiter les autres! Ce moment où le pied dérape et où on se retrouve pendu dans le vide, à la corde tenue par le moniteur? Bin finalement, c'est presque kiffant! Le reste de la descente se déroule sans encombres et c'est donc crevée mais heureuse que je suis rentrée m'affaler sur mon lit, vendredi soir.
Samedi, on a perdu 20 degrés...
Ce matin, nouvelle excursion. Cette fois je suis prévenue, la majeure partie de la journée se passera dans le bus, mais il paraît qu'on n'a pas le droit de louper la route des Andes, celle du Mercosur, qui traverse les Andes pour aller jusqu'au Chili. Bon, l'ennui c'est qu'on n'a pas le droit le la louper mais que, du coup, si on n'a pas de voiture, le seul moyen est d'y aller en "tour". Pas idéal quoi. Mais ce qui est encore moins idéal, c'est le temps qu'il fait au moment de partir : une fine pluie tombe sur Mendoza. Après moins de 30 minutes de route, la pluie se transforme en neige, de plus en plus drue. L'avantage: c'est beau. L'inconvénient : on ne voit plus les montagnes! Bientôt, nous atteignons le point où j'ai fait du cheval et du trekking la veille : méconnaissable! En quelques minutes, tout a été recouvert de blanc et on a perdu environ 20 degrés! Deuxième escale à Uspallata, pour que ceux qui n'ont pas de manteau ou de bonnes chaussures puissent louer un équipement. C'est qu'il commence à faire vraiment très très frisquet.
Arrivée à Penintentes : on nous octroie 15 minutes pour faire quelques photos dans cette station de sports d'hiver aujourd'hui fermée, paysage  la fois grandiose et presque effrayant de blanc, de vent, de froid et de désolation. Avec le vent, on ne doit pas être loin des températures hivernales du Canada. Je le sais à cette impression que mon front est sur le point d'éclater. Et on n'est qu'à 2500 mètres. Prochaine escale : le puente del Inca, un pont naturel, formation rocheuse effectivement très surprenante, avec des eaux thermales qui sont désormais interdites d'utilisation (un "spa" à l'ancienne avait fini par abîme le pont en changeant l'équilibre des lieux). C'est beau, beau et froid à la fois. C'est surtout la fin du spectacle car les gendarmes viennent de ferme la route : impossible d'accomplir les deux dernières escales, snif snif. Nous redescendons donc jusqu'à Uspallata pour déjeuner. Et c'est là que notre guide apprend que la route en bas vient de fermer, pour cause de manque de visibilité! "Donc prenez votre temps pour déjeuner", qu'elle nous dit gentiment! C'est sûr, si on est coincés là jusqu'à demain, mieux vaut qu'on prenne notre temps! Bon, fausse alerte finalement, le ciel s'est dégagé et nous réussissons donc à rentrer en temps et en heure. Et devinez quoi? A Mendoza le soleil a fait son grand retour. Ce soir je m'en vais fêter ça avec mes copines d'excursion, des Argentines adorables, mais dont je ne comprends à peu près qu'un mot sur trois! C'est pas grave, salud!

samedi 21 septembre 2013

Quand on allait de bon matin, quand on allait sur les chemins... A bicyclette...

Bah oui, j'ai fait du vélo! Bon, jusque là j'avoue, rien de bien original. Oui mais bon, j'ai fait du vélo... Pour aller visiter des bodegas, des propriétés viticoles quoi! Histoire de faire le tour des vignes, certes, mais aussi de goûter les excellents vins argentins. Je suis toujours vivante, preuve que les deux sont finalement compatibles !

Un paysage à couper le souffle, non?
Départ à 9h30 : un peu tôt pour comment à goûter du Malbec, mais il faut ce qu'il faut : j'ai choisi une excursion qui se rend jusque dans la région de Lujan de Cuyo, un peu plus éloignée de Mendoza que les bodegas les plus connues. Ici, les propriétés sont un peu plus artisanales et surtout beaucoup moins encombrées de touristes.

Je suis la seule française et ça semble presque leur faire peur : et si moi, la snobinarde française, je trouvais que leur vin c'est de la piquette? Je m'applique donc à rassurer Mickaela, notre guide, en lui expliquant que j'adore les vins argentins et californiens et que je trouve qu'ils n'ont rien à envier aux nôtres. Première escale: la Bodega Vistalba. Ouverte en 2002, mais dont les premières vignes datent de 1948. A vrai dire, on pourrait venir ici rien que pour le paysage. Les Andes enneigées au fond ("C'est rare à cette saison, nous explique Mickaela, mais il a neigé il y a quelques jours. Demain il n'y aura plus rien, seuls les sommets au-dessus de 6000 mètres seront blancs"), les vignes, le ciel d'une bleu azur et une pelouse verte sur laquelle se reposer en attendant la visite... Le bonheur!  La propriétaire des lieux nous explique que c'est une petite exploitation... Quand même un million de litres de vin produit chaque année! Et pas moins de 200 employés tout au long de l'année, le double pendant les vendanges. La récolte est faite à la main, ce qui vaut à cette bodega le titre d'artisanal. Quant aux vins, très différents les un des autres, un vrai régal. Difficile de se forcer à ne pas tout boire et à jeter les trois-quarts du verre. Aïe, mon cœur saigne! Mais bon, c'est qu'on a du chemin pour arriver à la seconde bodega!

Heureusement, la route est droite et nous arrivons sans encombres chez Altavista. Cette fois, c'est la méga-exploitation, l'une des plus anciennes (1890) et de plus connues du pays. Et pourtant, le charme continue d'opérer. Les installations d'origine ont été conservées, les visites se font par petits groupes, c'est cosy. Et les vins sont effectivement encore meilleurs, même le blanc, dont pourtant je ne raffole pas.

Rah, difficile de jeter un vin aussi bon!
L'apothéose vient avec le déjeuner. Je m'attendais à un truc de touriste, genre buffet à volonté avec viande trop cuite. Que nenni. Notre petit groupe se retrouve attablé autour d'une magnifique table en bois, dans un décor vraiment magnifique. Le repas est traditionnel et très fin, le vin est servi largement (on est en Argentine!) et cette fois, tout le monde finit ses verres! Champagne sur rouge sur blanc... Bizarrement ça passe très bien. Il faut dire que la qualité est au rendez-vous. Et ça vaut aussi pour la conversation. A table, trois Chiliens, deux Australiens, une Argentine et moi. Tout naturellement, la discussion s'oriente sur la comparaison de nos systèmes sociaux et politiques. Médecine publique et privée, aides sociales mal distribuées, éducation... Je crois que c'est une des choses que j'apprécie le plus ici : les gens parlent facilement, de tout. Au Pérou et en Bolivie, difficile d'engager la conversation, même si tout le monde fait tout son possible pour rendre service. Au Brésil, les gens parlent facilement, mais il y a toujours la barrière de la langue. Ici, c'est donc la première fois que je peux vraiment avoir des discussions sérieuses et passionnantes avec des sud-américains et j'adore !

Bref, le repas se termine, il est déjà temps de rentrer à Mendoza. En voiture, cette fois, c'est plus prudent! ;-)

jeudi 19 septembre 2013

Cosa extranas vues au fil de mes promenades

Une fois n'est pas coutume, voici un post essentiellement en images. Y por que no, maintenant que je peux enfin télécharger mes photos comme je veux? Bref, à force de me promener un peu partout dans les rue de Buenos Aires et de Mendoza, fatalement, je croise des choses surprenantes ou amusantes. Petit florilège des derniers jours.


De l'eau rouge plaza de Chile
 


Alors, cette semaine on fête le Chili (c'est la fête nationale là-bas) sur la place du Chili. Jusque-là, logique. Et comme l'une des couleurs du drapeau, c'est le rouge, bin l'eau de la fontaine est devenue rouge, elle aussi... Personnellement ça me fait plutôt penser à un bain de sang mais je dois lire trop de polars, il faut que j'arrête :)










Une librairie dans un ancien théâtre de Buenos Aires
Je vous présente l'Athnéo. Cet ancien théâtre, magnifique, a été reconverti en une librairie géante, où les alcôves servent de salon de lecture. Sur la scène, un café où vous pouvez feuilleter les ouvrages tout en sirotant un café con leche.

Des poubelles en hauteur = moins de bêbêtes qui viennent fouiller dedans









Ceux qui habitent à la campagne le savent : il n'est pas rare qu'une bestiole affamée vienne éventrer les sacs poubelle pendant la nuit. Pas très très agréable de retrouver ses déchets étalés au grand jour, surtout qu'en plus, il faut ensuite les ramasser. Les Argentins ont trouvé LA solution : ils mettent leur poubelles en hauteur. C'est tout simple, mais il fallait y penser. Les Brésiliens font pareil, avec des crochets.
Pédaler en papotant sur un banc, pourquoi pas?




Vous avez toujours rêvé de pouvoir brûler des calories en restant les fesses sur une chaise? Voici la solution : dans Puerto Madero, les anciens docks rénovés de Buenos Aires, vous pouvez pédaler tout en mangeant votre sandwich du déjeuner sur un banc.









Une petite cotelette ?
La viande, une véritable institution ici. Mieux vaut toutefois l'aimer bien cuite et bien salée. La cuisson traditionnelle se fait très lentement, au feu de bois, avec des morceaux de viande assaisonnés de gros sel.
Petits appétits s'abstenir, le baby steack peut faire dans les 500 grammes. Quand je vous dis que les Argentins sont généreux !

Un pays de contradictions économiques

Des Argentins très politisés, très concernés par l'économie et passionnés de débats.
Houla, voilà un post bien sérieux pour un mercredi soir. Mais ça fait plusieurs jours que j'y pense. Ca m'est venu en discutant avant mes deux "potes de conversation" argentins. En arrivant à Buenos Aires, franchement, la première impression, c'est qu'on est dans n'importe quelle grande capitale, plutôt côté Amérique du Nord, avec un petit côté européen désuet, rapport aux nombreux buildings construits façon Haussmann. Buenos Aires est même plus moderne que Paris a bien des égards. Ici on se connecte au wifi gratuitement n'importe où, les voitures sont flambant neuves (et pas amochées par les accrochages et autres incidents de parkings successifs dont sont victimes les véhicules parisiens...) et les filles habillées à la dernière mode (automne-hiver, saisons inversées obligent). Les garçons sont développeurs ou architectes, ils parlent 4 ou 5 langues et ont voyagé de par le monde. Oui, l'Argentine vit comme n'importe quel autre pays développé. Et point d'ailleurs au 45e rang mondial en termes d'indice de développement humain (IDH) pour autant que ça veuille dire quelque chose.

Et pourtant, ce n'est que la face visible de la médaille. Grattez un peu et la vérité est tout autre. "Oui, nous avons l'air de vivre comme vous, sauf que le système est beaucoup plus fragile que le vôtre" m'explique un Argentin. Ici, le système peut s'effondrer d'un jour à l'autre, c'est d'ailleurs ce qui se passe à peu près tous les dix ans. Dernière crise en date : 2001. La parité peso/dollar est brisée, en quelques jours le système s'effondre, la moitié de la population se retrouve sous le seuil de  pauvreté. Et puis le système se remet en route, mais selon les mêmes rouages qu'avant la crise. "Ils refont les mêmes erreurs, qui conduisent fatalement aux mêmes conséquences."

En ce moment, c'est l'inflation qui régit la vie de tous les Argentins. +30% en un an. Les salaires suivent-ils? "Ils augmentent, mais pas autant, bien sûr" m'explique un autre interlocuteur. Et pendant ce temps-là, que fait le gouvernement? Il ferme ses yeux et ses oreilles. Les chiffres officiels ne reflètent en rien la réalité sur le terrain. Tous les Argentins que j'ai rencontrés le disent et je le vérifie moi-même chaque jour. Entre les prix annoncés par mon guide de 2013 (écrit en 2012, donc) et les prix réels, il y a souvent une différence du simple au double.

Pour retarder l'effondrement du système, l'état fait donc travailler la planche à billets. Et restreint l'accès aux autres monnaies, ce qui conduit à des pratiques surprenantes. L'autre jour, je voulais changer des dollars. Le taux de change officiel est assez bas, moins de 7 pesos pour 1 USD dans les boutiques officielles. En revanche, au restaurant, si je paie en dollars, tout de suite l'addition diminue. Même chose à mon hostel où je réussi à changer 150 dollars à raison de plus de 8 pesos le dollar. Une valeur sûre, à laquelle les Argentins n'ont pas officiellement accès. Il faut donc ruser pour passer outre ces interdits.

Ce qui me rassure dans tout ça? C'est que les Argentins ne sont pas dupes, tous ceux avec qui j'ai parlé de politique et d'économies m'ont dit la même chose. Ils sont sur une pente glissante, ils le savent, n'y peuvent pas grand-chose et ont donc décidé d'en profiter et de vivre bien, temps qu'ils en ont les moyens. Ils trouveront bien une façon de se relever, comme à chaque fois. Et s'ils avaient raison?

De la générosité des Argentins

 
Les Argentins sont généreux, y compris quand il s'agit de remplir les verres.
Avant de parler de Mendoza, de l'économie argentine et autres sujets ô combien important, un petit post consacré à la gentillesse des Argentins. Depuis mes mésaventures indiennes, j'attache une importance toute particulière à l'attitude des "locaux", alors que je n'y faisais pas particulièrement attention avant.
Et là, je dois dire que les Argentins ne sont pas loin de détrôner les Brésiliens dans mon cœur. On m'avait dit qu'ils étaient rudes, pas trop fiables, que les hommes étaient machos. J'ai peut-être eu de la chance jusqu'ici, je ne sais pas, mais voici quelques exemples piochés au fil de ces premiers jours.

  • Lundi matin, pluie battante, je décide de prendre le bus. 3,50 pesos, me demande le chauffeur. Misère, la machine ne prend que la monnaie et je n'ai que des billets. Je farfouille dans mes poches en attendant que le chauffeur me propose une solution. Finalement, une dame assise à côté demande au chauffeur combien je dois payer et prend mon billet sur sa carte, tout naturellement. Ce n'est pas grand chose, certes, mais j'ai trouvé ça tellement gentil. Personnellement, je ne suis pas sûre que j'aurais fait la même chose dans les mêmes circonstances...
  • Lundi soir, après un après-midi au cinéma (pluie oblige), je rencontre Pablo, un Argentin qui voulait pratiquer son Français et avec qui j'avais donc pris rendez-vous via conversation exchange. Deux heures à papoter de l'économie argentine, des différence France/Argentine, de politique... Je m'absente trois minutes et découvre qu'il a payé l'addition. Arrivés au métro, il passe naturellement sa carte à ma place en me disant que je ne vais quand même pas faire la queue pour juste acheter un billet. Encore une fois, c'est pas grand-chose et pourtant, c'est super gentil.
  • Aujourd'hui, je débarque à l'hostel de Mendoza où j'ai réservé un lit dans un dortoir. "J'ai une chambre privée inoccupée, alors je te la donne, pour le même prix", m'annonce Miguel. Et me voici donc avec ce qui sera probablement ma seule habitation privada, pour pas un peso de plus.

>> Générosité dans l'assiette et dans les verres également. A Buenos Aires, le petit déjeuner était tellement copieux que je tenais jusqu'au soir sans manger. Quant au vin... Je n'ai pas encore réussi à fini un seul de leurs verres tellement ils sont... Impressionnants. Au moins deux verres parisiens, au bas mot.

Bref, ces petites scènes du quotidien illustrent une sensation générale : ici, les gens sont prêts à aider et à s'entraider et ça fait du bien.

lundi 16 septembre 2013

Il paraît que l'hiver, c'est la saison sèche...

J'ai croisé Mafalda sous la pluie :)
Comment dire... Environ 48 h que je suis là, dont 35 de pluie sans discontinuer. Ca a commencé doucement hier matin, une fine pluie en arrivant au cimetière de la Recoleta. Je me disais que c'était de circonstance. Et ça s'est rapidement arrêté, donc pas de souci. Vers 14h30 rebelote, doucement d'abord, puis de façon un peu plus intense. Pas la grosse averse mais la pluie fine, qui pénètre et transperce, vous laissant frigorifié et mouillé même après vous être changé. Hier soir, j'ai quand même persisté et décidé d'aller au resto dans San Telmo, le quartier bohème des routards où je n'avais pas encore mis les pieds. Le temps de quelques empenadas et d'une bonne assiette de frites, la pluie avait redoublé de violence... 15 minutes à pied plus tard, j'arrive à l'auberge dégoulinante "mojada hé?" me lance le mec de l'accueil. Un peu, oui. "Mais c'est normal, on attendait ce mauvais temps, on n'a pas eu d'hiver" m'explique-t-il avec le sourire. Ah bin oui je comprends, le problème c'est que moi j'en ai eu un, d'hiver, alors j'aurais bien passé la pluie.
Ce matin, j'avais l'impression que le décalage m'avait fait me réveiller trop tôt. Non non, il était bien 7h30 mais le soleil était toujours en grève. Au petit déj', la pluie tambourinait sur la véranda. Mais bon, je n'allais quand même pas rester enfermée à cause de quelques gouttes de pluie, si? Je suis normande quand même ! Je demande à Wendy, à l'accueil : "Tu sais où je peux acheter un paraguas?" Oui juste en bas il y a un vendeur me dit-elle. Délestée de 40 pesos me voici donc avec un parapluie flambant neuf... Il m'aura fallu moins de 15 minutes pour réaliser que les parapluies bon marché en Argentine sont comme les parapluies bon marché en France : jetables. A peine le temps d'arriver à la plaza 15 de Mayo, le mien finit à la poubelle, les baleines complètement détruites. Ah oui, parce que j'ai oublié de préciser : il pleut oui, mais en plus il y a du vent!

Même sous la pluie, la Boca a du charme.
Obstinée je suis, je persiste donc à arpenter les rues de San Telmo. C'est effectivement mignon, avec des maisons plutôt que de grands immeubles à la parisiennes. Mais je n'ai pas de photo à vous montrer, trop compliqué de sortir l'appareil sous la pluie. Un café con leche plus tard, je décide de filer vers la Boca, le quartier le plus touristique de Buenos Aires. Et pour cause : il est à lui seul l'image d'Epinal que nous avons de l'Argentine. Pourtant, ça commençait mal. La boca est un quartier pauvre, très pauvre. Un jour, un artiste du coin eut l'idée de demander aux habitants de repeindre leur maison, histoire de mettre un peu de couleur sur ces habitations de bric et de brocs (du bois et des tôles, globalement). Chacun débarqua avec des fonds de pots de peinture. Résultat : une rue complètement bariolée, au charme fou (même sous la pluie, oui). Aujourd'hui, il ne reste plus que des restaurants et des magasins pour touristes, mais la magie opère quand même. Sauf que sous la pluie, la balade prend un côté fin du monde, surtout quand il s'agit de traverser les entrepôts pour rejoindre le centre-ville.
Arrivée à l'auberge, je capitule : mon sac à dos est plus trempé qu'une éponge, mes chaussures pourtant étanches sont sur le point de rendre l'âme, mon jeans a déteint sur mes jambes qui sont bleues, mon écharpe est bonne à essorer... Cet après-midi, je vais au ciné !

Eva, Evita, Argentina definitly cries for you

Comme tous les touristes qui débarquent en Argentine, j'ai cette chanson dans la tête depuis des jours, "Don't cry for me Argentina", originellement comédie musicale, rendue célèbre par le film Evita dans les années 1990.

Eva est partout, y compris sur les façades des immeubles les plus modernes.
Evita, c'est Eva Peron, la femme de Juan. Si célèbre et adulée des Argentins qu'on en oublierait presque que c'était Juan le président. L'histoire commence comme un conte de fée. Eva Duarte et pauvre et joue l'actrice. A l'occasion d'une tournée politique, elle rencontre Juan. Passionnée, elle se lance dans un véritable combat pour défendre les plus pauvres et les femmes. Très vite, elle devient hyper populaire auprès des classes populaires. Une icône, une sainte presque aux yeux de certains. Cette image intouchable se trouve renforcée à sa mort tragique, à 33 ans, des suites d'un cancer du col de l'utérus. Une légende est née, mais elle va mettre plus de 20 ans avant de pouvoir reposer en paix. Son mari n'est plus vraiment le bienvenu en Argentine, il s'exile en Europe, le corps d'Eva, embaumé est secrètement inhumé pendant plusieurs années en Italie, avant que Juan Peron et sa nouvelle femme, Isabel, ne parviennent à le faire venir à Madrid, où ils vivent en exil depuis les années 50. Ce n'est qu'en 1976 qu'Eva rejoindra effectivement le caveau familal Duarte, dans le joli cimetière de la Recoleta, à Buenos Aires.

Alors qu'en Europe l'image du couple (enfin de Monsieur surtout) est "discutée" sinon discutable, ici, Eva est littéralement partout. Musée, nom de rue, immeuble, billet de banques, photos dans quasiment tous les musées et même dessins sur la façade d'un immense immeuble ! Eva Peron, c'est la Marianne des Argentins. Une histoire à la Lady Di qui continue de les bouleverser.

Le caveau familial des Duarte est parmi les plus fleuris du cimetière de Recoleta.
A tel point que dans les années 1990, lorsque Madonna campa la jeune femme pour le film Evita, elle eut comme qui dirait quelques soucis avec la population locale, qui ne voyait pas d'un très bon œil le fait que son héroïne chérie prenne les traits d'une chanteuse... sulfureuse disons. Résultat: l'équipe a du finir le tournage à... Budapest! Oui, quand même... On ne rigole pas avec Evita !

Quant à Juan, après un exil d'une vingtaine d'années, il revient au pouvoir en 1973, mais meurt environ un an plus tard, permettant ainsi à Isabel, sa troisième femme, de "régner". Elle est présentée ici comme une pâle copie d'Eva et bien qu'elle ait eu un rôle politique plus important, je n'ai pas encore trouvé une seule photo d'elle.

dimanche 15 septembre 2013

Buenos Aires, l'Américaine

La célèbre Plaza de Mayo, avec au fond le palais du gouvernement.
Eh bien je vais vous dire une chose : si je n'avais pas été sûre de prendre le bon avion, si je n'avais pas scruté le trajet pendant 10 heures et entendu le pilote nous souhaiter la bienvenue à Buenos Aires, j'aurais pu croire que j'avais atterri quelque part en Californie ou au nouveau Mexique. Envidemment, je suis là depuis moins de 24h et je suis qu'en m'engouffrant un peu plus dans la ville, je vais voir bien des différences. Mais pour qui connaît l'Amérique du sud type Bolivie/Pérou, Buenos Aires n'a juste rien à voir. Buildings modernes, panneaux lumineux type Broadway, grandes avenues d'une propreté irréprochable, Carrefour market à tous les coins de rue, écrans plas, wifi dans tous les bars et restos, CB acceptée partout, grandes artères commerciales et même grands MALLS... La première impression en arrivant à Buenos Aires, c'est qu'on a débarqué en Amérique certes, mais plutôt du Nord que du Sud. Pour l'instant je ne me suis promenée que dans le Centro donc ce n'est pas nécessairement représentatif mais dans certaines petites rues, avec les petits cafés bobos, les terrasses mignonnes, tout ça... J'avais l'impression d'être à Montréal :) Au point qu'hier soir j'ai oublié que je n'étais pas censée boire l'eau du robinet ici. Bon, pas malade pour l'instant!

La différence, je l'ai surtout sentie en explorant le côté politique de l'Argentine. Hier, malgré une dette de sommeil bien bien avancée, j'ai mis le nez dehors. Première escale : la place 5 de Mayo, la fameuse, celle où les femmes sont les fils ou les mari avaient "disparu" défilaient chaque jeudi en tournant. On les appelait les folles de Mai, sauf qu'elles étaient tout sauf folles, les pauvres. La place 5 de Mayo c'est le centre politique de l'Argentine. De nombreuses manifestations s'y déroulent, en face du Palais du gouvernement. Il  y a même des anciens combattants qui réclament réparation, installés dans une tente au milieu des banderoles.

Au fond, la casa rosada, un "palais" effectivement très rose (les goûts et les couleurs...) où siège le gouvernement. D'où les manifestations de la place de Mai. La visite guidée (gratuite et très intéressante!) nous entraîne dans une succession de pièces assez luxueuses. La galerie du bicentenaire expose les portraits de nombreux "patriotes de l'Amérique du Sud". Che Guevara y figure en bonne place, mais aussi et surtout Juan et Eva Peron. Mais ce sera l'objet de mon prochain post. Il y a tant à dire sur Evita...

PS : ah oui, tout de même, en prime une photo de cette fameuse Plaza 5 de Mayo, autre gros progrès de ce blog 2013 avec les accents et la ponctuation! :)