jeudi 10 octobre 2013

Difficile voyage jusqu'au bout du monde

Mesdalmes et messieurs, le détroit de Magellan !
Bon, on peut dire que je l'ai cherché, mais tout de même, mon dernier trajet en bus n'a pas été de tout repos. Hier, aux petites heures du matin (vraiment, je suis sortie de l'auberge à 2h30 du matin, après 3 h de sommeil), j'ai donc pris un premier bus pour me (re) conduire jusqu'à Rio Gallegos, afin d'y prendre ma correspondance pour... Ushuaia. C'est à quelques kilomètres de Rio Gallegos que les ennuis ont commencé. Enième contrôle douanier (il y en a partout, par ici, rapport notamment  la proximité de la frontière chilienne). Cette fois, les policiers montent dans le bus pour vérifier les papiers (ce n'est pas toujours le cas). Alors qu'ils ont fait le tour des deux étages, le bus ne repart pas et je vois quatre personnes descendre. On attend. 5 minutes, 10 minutes... Au bout de 25 minutes je commence vraiment à m'inquiéter puisque j'ai moins d'1 h pour attraper mon bus suivant. Je vais donc voir le chauffeur qui m'explique avec le plus grand calme que les passagers que j'ai vus descendre n'avaient pas leurs papiers et qu'il faut donc que l'on attende que les policiers aient pu faire les vérifications d'usage. Cela devrait prendre une heure me dit-il le plus calmement du monde. Devant mon énervement, il finit par me trouver un plan B (c'est ça l'Amérique du Sud :)) et me refourgue au bus qui arrive juste derrière.
Finalement j'aurais bien pu arriver en retard puisque le bus pour Ushuaia, pourtant arrivé à la gare bien en avance, partira avec 45 minutes de retard, sans qu'on sache bien pourquoi. Toujours est-il que je n'ai pas petit déjeuné puisque c'est un bus "con servicio" et que l'on m'a précisé que le petit déjeuner et le déjeuner seraient servis. Arf! Si j'avais su! En guise de petit déjeuner, on nous sert deux minuscules biscuits et un café hyper sucré. Le déjeuner ne sera pas plus copieux : deux petits sandwichs triangles "jamon y queso".
Mais bon, le pire est à venir : premier passage de frontière. Il faut en effet traverser un bout de Chili pour arriver en terre de feu. Et les Chiliens, ils ne rigolent pas avec ça. 45 minutes dans le froid avant d'obtenir un visa et de se faire fouiller son bagage. Pas le droit d'amener des pommes ni des produits laitiers ou animaux. Ca tombe bien justement je n'ai rien à manger dans mon sac. Par contre j'ai un couteau et lui il passe sans aucun problème. Allez comprendre :-)
Une heure plus tard, nouvelle pause : il faut attendre le ferry : eh oui, nous allons traverser le détroit de Magellan! Bon j'avoue, on a bien attendu mais quand même, c'est la classe non? J'ai traversé le détroit de Magellan!
C'est le bout du monde !!
16 h : j'en peux plus, j'ai fin et j'aimerais bien arriver. Mais il faut d'abord re-passer la frontière et cette fois ce sont les douaniers argentins qui font du zèle et demandent à fouiller les bagages en soute! "Ils veulent montrer leur petit pouvoir", râle un des chauffeurs du bus. De fait, leur petit pouvoir nous fait perdre encore une petite demi-heure. Mon estomac crie famine!
Vers 18h30 nous atteignons Rio Grande, la dernière ville avant Ushuaia. Et là, surprise: "ceux qui partent pour Ushuaia changent de bus, le prochain colectivo arrive dans quelques minutes!" Evidemment, ce sont des minutes argentines, donc ça prend un peu de temps. 3 h de plus, nous annonce le nouveau chauffeur. Dans le bus, nous ne sommes que deux voyageuses! La sensation d'être au bout du monde ne pourrait être plus présente. Surtout quand l'autre routarde descend à Tolhuin et que je me retrouve seule dans le bus, à la nuit tombée, dans des paysages totalement déserts. Pas trop trop envie qu'on tombe en panne là. Comme la dernière heure paraît longue. Pas une lumière à l'horizon, pas âme qui vive, à part les quelques voitures que l'on croise et qui me rassurent un peu : a priori le chauffeur m'emmène bien vers Ushuaia et pas dans un chemin de traverse pour m'égorger (je sais, je lis trop de polars).
Ce n'est que vers 22 h que mes pieds se posent enfin sur la ville la plus australe du monde (ou presque, j' y reviendrai)! Je n'ai qu'une hâte, poser mon sac, me détendre un peu au calme, manger un morceau et dormir. Ahah ! C'est la fête à l'auberge de jeunesse, tout le monde est attablé dans la salle/entrée et j'arrive à peine à entendre ce que me dit la fille de la réception. C'est soirée "homard" pour tout le monde m'annonce-t-elle, ravie, avant de me montrer le dortoir. Comment dire... De découragement, je serais presque ressortie pour réserver dans un hôtel. Impossible de poser un pied devant l'autre tellement le bordel règne. Je me vois attribuer le dernier lit, en hauteur, sans échelle évidemment sinon ce serait trop facile ! Pfiou, la fin du monde, décidément, ça se mérite!

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