dimanche 29 septembre 2013

Voir ses premières baleines, depuis la jetée du port...

Bref résumé des dernières 24 h : après une journée en altitude (-10 degrés, quand même, plus le facteur vent) pour admirer la vue depuis la station de ski de Catedral, j'ai donc pris le bus pour Puerto Madryn, une cité balnéaire où l'on peut observer quantités d'animaux marins en tous genres.

Puerto Madryn, ou le cauchemar architectural...
Comment dire... Le débarquement est un peu rude. Mauvaise nuit dans le bus pas top confortable, 7h du matin et, surtout, la pluie, la pluie, la pluie... Après avoir déposé mes affaires à l'auberge, nous partons, avec mes potes belges, à la recherche d'un loueur de voiture et d'une agence de tourisme. Pas trop dur, ils sont littéralement à chaque coin de rue. Une fois tout booké (et le portefeuille bien dégarni... Je pense que c'est la première fois que je vois des prix aussi élevés pour faire des trucs de touriste...), petit tour sur la plage et sur la jetée. Et là, magique : les baleines sont là, à quelques mètres à peine, vraiment tout près, qui viennent respirer et jouer. C'est la pleine saison jusqu'en décembre, les mamans nourrissent leurs petits au bord des côtes. Il y en a un millier rien que dans la baie de Puerto Madryn. Ce sont des "right whales", les Anglais les appelaient comme ça parce qu'elles étaient amicales, s'approchaient beaucoup des humains et étaient donc faciles à tuer... De fait, elles sont tout sauf farouches et semblent même prendre un malin plaisir à venir nous taquiner puis à s'éloigner de nouveau.

Plus tard dans la journée, nous les observons depuis une plage plus au nord, où elles sont encore plus nombreuses. Notre guide nous raconte leur vie, même si on en sait encore assez peu. Ainsi, le premier accouchement a pu être observé et filmé il  y a seulement un an. La gestation dure près d'un an et la femelle fait en moyenne un petit tous les trois ans. Ces petites bêtes de 35 tonnes vivent pas moins de 70 ans en moyenne, même si là encore on manque de recul.

Je sais, vous êtes déçus, je n'ai pas de photos à vous montrer, mais je suis particulièrement nulle en photo animalière et en plus je n'ai pas amené de zoom. Donc désolée, mais vous voilà "pognés" avec une photo de Puerto Madryn, qui se distingue vraiment par sa non-séduction d'un point de vue architectural. Je pense qu'il aurait été difficile de faire pire!

Demain, excursion sur la péninsula Valdès, pour observer des manchots, des éléphants et des lions de mer et autres bestioles bizarres.

vendredi 27 septembre 2013

800 m de dénivelé en 3h : j'ai vaincu le Cerro Lopez (presque)

Je n'ai plus de jambes. Ou plutôt, je les sens trop bien, elles tirent, mon genou droit a doublé de volume et j'ai les pieds en compote. Mais ça valait vraiment le coup, même si je suis pas sûre d'être capable d'aller skier demain.

Vous voyez la petite maison tout en haut? C'est le refuge !
Et ici, on avait déjà fait plus des deux tiers du parcours...
Aujourd'hui, j'avais décidé de partir à l'assaut du Cerro Lopez, une montagne d'où on a une très belle vue sur toutes les montagnes environnantes et les lacs. "Ca prend environ une journée. Ca grimpe mais c'est très bien indiqué, on ne peut pas se perdre", m'avait dit la fille du club andino. Par chance, hier j'avais rencontré un couple de Belges qui pensait faire la même chose aujourd'hui, du coup nous y sommes allés ensemble. Heureusement, car je serais peut-être encore en train d'errer dans les montagnes, ou alors j'aurais rebroussé chemin bien avant la fin.

Comment dire.. Ca commence fort! D'habitude en montagne, du moins dans les randonnées que j'ai faites, et y compris dans les Andes, il y a des grimpettes, puis des moments où c'est presque plat, des moments où ça grimpe mais pas à flanc de coteaux. Bin là, nan, il semble que le chemin ait été taillé en ligne droite ou presque, pour rejoindre le sommet au plus vite. Ah, c'est plus court c'est sûr, mais c'est aussi sacrément plus dur! Les 45 premières minutes sont vraiment très dissuasives. Mes nouveaux amis font 1,80 m et sont habitués à la rando en montagne, ils ont l'air de peiner, mais moins que moi franchement et je redouble d'effort pour qu'ils ne me distancent pas trop ou ne se sentent pas obligés de m'attendre. J'ai le cœur qui bat la chamade, les cuisses qui brûlent sous l'effort et là, je me demande à quoi mes 3 heures hebdomadaires de gym suédoise ont bien pu me servir, j'ai l'impression d'être une petite vieille!! Mais au bout de 45 minutes, jolie surprise : nous avons déjà atteint le premier refuge qui se trouve normalement à 1 h de marche. Je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai trouvé ça dur, on a speedé! Petite pause au soleil pour engloutir un sandwich, au milieu d'étudiants en sport qui descendent du refuge que nous voulons atteindre. "Il y a beaucoup de neige", nous expliquent en nous montrant leurs pieds. Ils les ont entourés de sacs plastique avant d'enfiler leurs baskets pas tout à fait étanches. Bon, ça promet. Quant au refuge, on l'aperçoit, mais il paraît définitivement plus loin que les deux heures de marches indiquées... Est-ce vraiment cette maison rose tout en haut?

Nous nous remettons en route. Premier faux départ : après 15 minutes de marche nous réalisons que nous ne sommes PAS sur le chemin, qui n'est pas du tout bien indiqué, en fait. Redescente vers le refuge, où nous finissons par retrouver la trace de la piste. 30 nouvelles minutes d'une bonne montée bien à pic et ENFIN nous atteignons du plat. Pas vraiment plus facile pour autant parce que maintenant, il y a de la neige, il faut donc avancer avec précaution. 30 bonnes minutes plus tard, nous ne sommes vraiment plus très loin du refuge, il est juste quelques mètres au dessus. Problème : la neige est très épaisse et, surtout, elle a gelé. Une vraie patinoire. Et si on glisse, on peut très vite se retrouver plusieurs centaines de mètres plus bas, nous sommes vraiment à flanc de montagne. Que faire? Nous ne sommes plus qu'à 500 mètres, grand max, sans doute moins. Première approche par la droite, impossible, retour sur nos pas. A gauche, c'est plus pentu mais moins glissant. Nous progressons quelques minutes mais, à quelques centaines de mètres du refuge, nous décidons tous les trois d'abandonner. Pas trop envie d'être rapatriés en hélico. En plus la veille une dame nous a raconté qu'il y avait eu une avalanche il y a quelques années, où des dizaines d'étudiants avaient trouvé la mort.

Sagement nous décidons donc de rebrousser chemin. De toute façon, le refuge est fermé, donc à part gagner quelques mètres d'altitude pour la vue, ça n'aurait rien changé. La descente est ardue, surtout sur la partie neigeuse. J'essaie de marcher dans les traces de mes compagnons mais comme ils ont des jambes deux fois plus grandes que les miennes, c'est difficile! Finalement, à 16h45, nous arrivons enfin en bas, fourbus mais heureux. Plus tard, grâce à Google, j'apprendrai que nous avons grimpé 800 mètres de dénivelé en moins de 3 h !Comme au ski, après deux autres kilomètres à pied, escale bien méritée dans un pub face au lac, pour savourer un bon burger bien gras et une bière bien fraîche !

Demain, j'ai déjà réservé le jacuzzi, histoire de pouvoir me décourbaturer un peu avant de prendre le bus pour Puerto Madryn!

Bailoche, nid douillet des Nazis

Bon évidemment Bariloche va tout de suite paraître moins sympathique. Vous savez sans doute que certains nazis ont trouvé refuge, à la fin de la guerre, en Argentine. Ils ont notamment été aidés par Juan Peron, moyennant finances. Combien exactement? Personne ne sait le dire, entre plusieurs centaines et plusieurs milliers, même les archives sur le sujet, rendues publiques en 1992, ne répondent pas.

Ca ressemblait à chez eux, donc ils se sont installés tranquillement.
Mais il y en a eu, beaucoup. Ils se sont majoritairement installés dans trois villes argentines : Cordoba, Mendoza et... Bariloche. On dit que cette petite ville au milieu des montagnes et des lacs, avec ses chalets en bois tout mignons, ressemblait beaucoup à leur chez-eux, qu'ils avaient dû quitter un peu précipitamment... Ils sont donc plusieurs à avoir établi leurs quartiers ici, pensant sans doute qu'on ne viendrait pas les y chercher (grosses erreur, j'y viendrai). Ainsi, Mengele a passé son permis ici, un autre dont j'oublie le nom tenait une épicerie tandis qu'un troisième était carrément devenu responsable d'un centre de santé... No comment. Quant à Otto Meiling, il fut responsable un temps du club alpin (ici, le club andin, en fait), celui-là même avec qui j'ai fait une excursion hier, gloups. Eichmann, lui a eu moins de bol que les autres : dans les années 1960, Israël est venu le chercher dans ses montagnes, il a fini pendu à Tel Aviv. Plusieurs autres seront retrouvés par des chasseurs de Nazis au fils des ans, mais beaucoup sont toutefois passés à travers les mailles du filet, sans jamais être retrouvés. Il se disent que certains finissent de couler des jours heureux, ici, dans les montagnes de Patagonie...

jeudi 26 septembre 2013

Bienvenue au Tronador, le glacier noir

A droite, le glacier. Il y a 10 ans, à la place de l'eau, il y avait un glacier...
Ca sonne un peu comme un titre de thriller nan? Je suis sûre qu'il y aurait moyen d'écrire un polar qui se passe dans l'auberge qui se trouve au pied du Tronador... Bon, mais ce n'est pas le sujet. Aujourd'hui, je suis donc allée voir le glacier noir, au cœur d'un parc naturel hallucinant de beauté, j'y reviendrai. On l'appelle glacier noir car la glace, en descendant, se mélange à la terre et prend une couleur vraiment très sombre, vue de loin. De plus près, elle est en réalité marbrée.

Les glaces les plus proches de nous sont vieilles de plusieurs millénaires. Elles se forment au somment, en hiver, puis descendent très très progressivement. Enfin de moins en moins progressivement d'ailleurs, le phénomène s'accélère d'année en année. D'ailleurs, le Tronador s'appelle ainsi parce que le bruit de la glace qui se détache de temps à autre ressemble au bruit du tonnerre qui gronde au loin. 30 minutes sur place et nous l'avons entendu plusieurs fois!

En chemin pour la cascade
Sur le chemin qui mène au Tronador, une véritable coulée dans la forêt semble avoir été totalement saccagée : tous les arbres sont par terre, les pierres ont été broyées, comme si une tornade ultra puissante était passée par là. En fait, c'est pire : il y a 4 ans, un énorme morceau de glace s'est détaché du glacier, il a foutu le souk dans la lagune, tout a débordé assez gravement et saccagé le lit de la rivière sur plusieurs kilomètres... Petit aperçu de ce qui nous attend avec la fonte des glaces, hihi. D'ailleurs le glacier que l'on aperçoit aujourd'hui a diminué de moitié par rapport à 1942, photos à l'appui. Le phénomène s'est accéléré depuis 10 ans. J'ai bien fait d'y aller maintenant moi, dans 10 ans, pas sûr qu'il reste grand-chose...

Vue depuis le Cerro Campanario...
Sur une note plus légère, cette journée en pleine montagne, à gambader (bon, ok, à grimper en file indienne sur les petits sentiers) d'une cascade à l'autre, fut un véritable bol d'air pur. Des montagnes, des lacs, des arbres majestueux... I mean, what else? J'ajoute d'ailleurs plusieurs photos à ce post, car parfois, ici en tout cas, les photos parlent mieux que les mots.

J'avais prévu de vous parler des Nazis de Bariloche (tout de suite moins fun hein), mais ce sera pour demain. J'ai rendez-vous à 8h30 donc je vais devoir écourter ma soirée si je veux réussir à gravir le Cerro Lopez !

mercredi 25 septembre 2013

Argentine, le pays où la vie est plus chère

Heureusement, il reste les bons de réduction Carrefour ! ;)
Avant de dire combien je suis tombée amoureuse de Bariloche, de ses lacs et de ses sentiers de randonnée, je voudrais revenir sur un sujet très présent dans toutes les conversations et qui me coûte, c'est le cas de le dire, au quotidien.

Je l'ai déjà dit, les prix ici sont presque similaires à ceux de la France. En fait, certaines choses sont un peu meilleur marché (les transports en commun, sauf l'avion, les restaurants un peu), tandis que d'autres sont carrément plus chères (l'hébergement est équivalent, la nourriture dans les supermarchés est hors de prix)... Pour exemple, je suis allée faire des courses pour mon pique-nique de demain et voici la note.

>> Pain : 2 euros (j'ai pris le moins cher, un reste d'invendus en sachet, sinon le pain de mie en paquet est à 2,50 minimum)
>> 6 tranches de fromage pour sandwich : 1,80 euro
>> Eau, 0,5 litre : 80 centimes
>> Yaourt (à l'unité): 1,50 euro
>> Sac plastique pour ranger mes courses : 1,20 euro

Certes, on est en Patagonie, c'est un peu comme aller faire ses courses dans un supermarché d'une station alpine, mais quand même... Le salaire minimum ici est d'environ 3000 pesos (400 euros) soit trois fois moins qu'en France. Et pourtant, les gens semblent, en apparence, vivre comme nous. Ils ont de belles voitures, ils s'habillent bien, ils sortent, ils consomment et même ils voyagent... Il y a forcément un problème dans l'équation!

Ma sensation, c'est que les gens vivent un peu au jour le jour, sinon à crédit, puisqu'on ne sait pas de quoi demain sera fait. "Le peso, ça ne vaut rien. Cette fourchette par exemple, demain peut-être qu'elle coûtera dix fois plus cher, ou dix fois moins, m'expliquait Mickaela, notre guide des vignobles à Mendoza. Je peux très bien avoir trois millions de pesos sur mon compte en banque maintenant, si ça se trouve demain ils ne vaudront absolument plus rien." C'est pour ça que les dollars et les euros se monnaient si cher sur le marché noir. Ce sont des valeurs sûres et comme les Argentins n'y ont pas directement accès, à moins de partir à l'étranger, ils tentent de s'en procurer comme ils peuvent. Même dans les bureaux de change, on peut demander des pesos "informels", le taux sera différent !

C'est cyclique : l'économie argentine se casse la figure à peu près tous les dix ans. Le dernier krash ayant eu lieu en 2001, le prochain est pour bientôt, tout le monde ici le dit. Alors en attendant, ils auraient bien tort de ne pas en profiter, non?

mardi 24 septembre 2013

Bariloche vaut bien 18 heures de bus

Bon, ce ne fut pas sans peine, mais ça y est, je suis en PA-TA-GO-NIE!! Plus précisément, j'ai foulé le sol de Bariloche un peu avant 15h, après pas moins de 18h de bus. Un bus que j'ai bien failli ne jamais prendre puisque, sachez-le aucun café internet n'est ouvert à Mendoza le dimanche. Ni quasiment aucun magasin tout court, d'ailleurs. Mêmes les agences de voyages sont fermées. Un peu surprenant pour une ville dont la 3e ou 4e ressources est le tourisme mais enfin... Bref, donc encore une fois, c'est la gentillesse d'un Argentin qui m'a sauvée. Le photographe, lui, était ouvert. Après m'avoir fait faire le tour de la ville en m'assurant que je trouverais bien un cyber ouvert, il a fini par accepter de m'imprimer mon billet. Ouf! C'aurait été dommage d'avoir un siège réservée et de ne pas pouvoir grimper dans le bus, juste pour défaut d'imprimante...

Coup de foudre direct pour Bariloche!
Alors, comment dire, la prochaine fois j'essaierai d'éviter les couchettes du premier étage. J'ai passé 18 heures nauséeuses, à tenter de penser à autre chose tandis que le bus tanguait aussi sûrement qu'un bateau sur l'océan Atlantique (oui bon, j'en rajouter peut-être un peu :)). Là où le bus de ViaTac était partculièrement confortable l'autre jour, celui d'Andesmar se fait un peu vieillissant, entre les toilettes qui fuient, la télé qui marche mal et compagnie. Bref, 18 heures donc fort peu agréables dans l'ensemble (et, bien évidemment, le seul ronfleur du bus était assis juste à côté moi!), vite oubliées quelques dizaines de kilomètres avant d'arriver à Bariloche. Le paysage de pampa (on en fait tout un plat mais justement, c'est juste plat et désertique, franchement) cède peu à peu la place aux montagnes, aux lacs et aux arbres. Les pré-Andes sont verdoyantes, le bleu des lacs éclatant et, au loin, les Andes se détachent, blanches et enneigées, sur un ciel bleu azur là encore. Chaque fois que je me rapproche des Andes, c'est ce que je trouve le plus frappant, ces couleurs limpides, éclatantes. Bon, ça veut aussi dire que je vais devoir me racheter une paire de lunettes de soleil, les miennes ne suffisent pas. Mais on s'en fiche, c'est beau!

Difficile de décrire Bariloche tellement, ici, les photos parleront mieux que les mots. Une petite ville adorable, au style vaguement suisse, au bord d'un lac entouré de montagnes... C'est tout simplement magique! A l'instant où j'ai découvert la vue sur le lac depuis la terrasse de mon hostel, j'ai su que ça allait bien se passer. Il parait que les Européens délaissent cette ville parce que ça ressemble trop aux Alpes! Bon, oui il y a des montagnes, oui il y a des chalets mais à part ça... Je n'ai pas l'impression d'être à Chamonix (enfin je n'y ai jamais mis les pieds, d'un autre côté)!

Le gros avantage de Bariloche c'est qu'on peut partir seul en randonnée. Le club Andino fournit de précieux conseils, les pistes sont accessibles en bus et demain je m'en vais donc crapahuter dans les montagnes. Ah oui au fait : en ce 2e jour de printemps ici, je me suis promenée en t-shirt tout à l'heure. :-)

dimanche 22 septembre 2013

Du coup de soleil aux engelures, en moins de 24 h !

Bien, je vais tenter des résumer ces deux jours à Mendoza en un seul post, parce que c'est plus drôle et le contraste n'en sera que plus frappant.

Vendredi, un temps magnifique en montagne..
Vendredi, je m'étais donc organisée pour faire des activités en montagne, trekking, rappel et randonnée à cheval. Départ sous un grand soleil. Après une heure de route, arrivée au "camp de base", un restaurant avec terrasse géante, au bord d'un lac. Il n'est pas 11H et déjà j'enlève mon manteau tellement il fait chaud au soleil. Hop, c'est parti pour deux heures de randonnée à cheval. Comme à chaque fois depuis le début, je ne suis qu'avec des Argentins, à croire qu'il n'y a plus de touristes étrangers en cette saison, en tout cas pas de Français, ce qui n'est pas pour me déplaire! Une randonnée extraordinaire, au milieu des montagnes "pré-andines". Il y a trois chaînes de montagnes qui se suivent, à des hauteurs différentes. Les pré-Andes sont de l'ordre de 2000 à 2500 mètres d'après ce que j'ai compris. Bref, en tout cas c'est magnifique, un paysage un peu désertique, un ciel bleu resplendissant et des chevaux bien obésissants, pfiou ! Deux heures qui passent bien vite, mais finalement, si j'en juge par mes courbatures aujourd'hui, c'était bien suffisant!
L'après-midi trekking permet de s'aventurer encore un peu plus en montagne. Vient le défi ultime de la journée : faire une descente en rappel. Oui oui, j'ai fait une descente en rappel, moi! Bon, ok, une toute petite descente. Et j'avoue que je galère un tout petit peu pour essayer de comprendre comment ça marche ce truc-là. En plus, la dame me dit que je suis "trop maigre" pour le harnais de sécurité! Ah bin c'est bien, me voilà tout de suite rassurée! Bref, entre les termes techniques et l'accent que j'ai toujours du mal à comprendre, j'avoue que j'essaie surtout d'imiter les autres! Ce moment où le pied dérape et où on se retrouve pendu dans le vide, à la corde tenue par le moniteur? Bin finalement, c'est presque kiffant! Le reste de la descente se déroule sans encombres et c'est donc crevée mais heureuse que je suis rentrée m'affaler sur mon lit, vendredi soir.
Samedi, on a perdu 20 degrés...
Ce matin, nouvelle excursion. Cette fois je suis prévenue, la majeure partie de la journée se passera dans le bus, mais il paraît qu'on n'a pas le droit de louper la route des Andes, celle du Mercosur, qui traverse les Andes pour aller jusqu'au Chili. Bon, l'ennui c'est qu'on n'a pas le droit le la louper mais que, du coup, si on n'a pas de voiture, le seul moyen est d'y aller en "tour". Pas idéal quoi. Mais ce qui est encore moins idéal, c'est le temps qu'il fait au moment de partir : une fine pluie tombe sur Mendoza. Après moins de 30 minutes de route, la pluie se transforme en neige, de plus en plus drue. L'avantage: c'est beau. L'inconvénient : on ne voit plus les montagnes! Bientôt, nous atteignons le point où j'ai fait du cheval et du trekking la veille : méconnaissable! En quelques minutes, tout a été recouvert de blanc et on a perdu environ 20 degrés! Deuxième escale à Uspallata, pour que ceux qui n'ont pas de manteau ou de bonnes chaussures puissent louer un équipement. C'est qu'il commence à faire vraiment très très frisquet.
Arrivée à Penintentes : on nous octroie 15 minutes pour faire quelques photos dans cette station de sports d'hiver aujourd'hui fermée, paysage  la fois grandiose et presque effrayant de blanc, de vent, de froid et de désolation. Avec le vent, on ne doit pas être loin des températures hivernales du Canada. Je le sais à cette impression que mon front est sur le point d'éclater. Et on n'est qu'à 2500 mètres. Prochaine escale : le puente del Inca, un pont naturel, formation rocheuse effectivement très surprenante, avec des eaux thermales qui sont désormais interdites d'utilisation (un "spa" à l'ancienne avait fini par abîme le pont en changeant l'équilibre des lieux). C'est beau, beau et froid à la fois. C'est surtout la fin du spectacle car les gendarmes viennent de ferme la route : impossible d'accomplir les deux dernières escales, snif snif. Nous redescendons donc jusqu'à Uspallata pour déjeuner. Et c'est là que notre guide apprend que la route en bas vient de fermer, pour cause de manque de visibilité! "Donc prenez votre temps pour déjeuner", qu'elle nous dit gentiment! C'est sûr, si on est coincés là jusqu'à demain, mieux vaut qu'on prenne notre temps! Bon, fausse alerte finalement, le ciel s'est dégagé et nous réussissons donc à rentrer en temps et en heure. Et devinez quoi? A Mendoza le soleil a fait son grand retour. Ce soir je m'en vais fêter ça avec mes copines d'excursion, des Argentines adorables, mais dont je ne comprends à peu près qu'un mot sur trois! C'est pas grave, salud!

samedi 21 septembre 2013

Quand on allait de bon matin, quand on allait sur les chemins... A bicyclette...

Bah oui, j'ai fait du vélo! Bon, jusque là j'avoue, rien de bien original. Oui mais bon, j'ai fait du vélo... Pour aller visiter des bodegas, des propriétés viticoles quoi! Histoire de faire le tour des vignes, certes, mais aussi de goûter les excellents vins argentins. Je suis toujours vivante, preuve que les deux sont finalement compatibles !

Un paysage à couper le souffle, non?
Départ à 9h30 : un peu tôt pour comment à goûter du Malbec, mais il faut ce qu'il faut : j'ai choisi une excursion qui se rend jusque dans la région de Lujan de Cuyo, un peu plus éloignée de Mendoza que les bodegas les plus connues. Ici, les propriétés sont un peu plus artisanales et surtout beaucoup moins encombrées de touristes.

Je suis la seule française et ça semble presque leur faire peur : et si moi, la snobinarde française, je trouvais que leur vin c'est de la piquette? Je m'applique donc à rassurer Mickaela, notre guide, en lui expliquant que j'adore les vins argentins et californiens et que je trouve qu'ils n'ont rien à envier aux nôtres. Première escale: la Bodega Vistalba. Ouverte en 2002, mais dont les premières vignes datent de 1948. A vrai dire, on pourrait venir ici rien que pour le paysage. Les Andes enneigées au fond ("C'est rare à cette saison, nous explique Mickaela, mais il a neigé il y a quelques jours. Demain il n'y aura plus rien, seuls les sommets au-dessus de 6000 mètres seront blancs"), les vignes, le ciel d'une bleu azur et une pelouse verte sur laquelle se reposer en attendant la visite... Le bonheur!  La propriétaire des lieux nous explique que c'est une petite exploitation... Quand même un million de litres de vin produit chaque année! Et pas moins de 200 employés tout au long de l'année, le double pendant les vendanges. La récolte est faite à la main, ce qui vaut à cette bodega le titre d'artisanal. Quant aux vins, très différents les un des autres, un vrai régal. Difficile de se forcer à ne pas tout boire et à jeter les trois-quarts du verre. Aïe, mon cœur saigne! Mais bon, c'est qu'on a du chemin pour arriver à la seconde bodega!

Heureusement, la route est droite et nous arrivons sans encombres chez Altavista. Cette fois, c'est la méga-exploitation, l'une des plus anciennes (1890) et de plus connues du pays. Et pourtant, le charme continue d'opérer. Les installations d'origine ont été conservées, les visites se font par petits groupes, c'est cosy. Et les vins sont effectivement encore meilleurs, même le blanc, dont pourtant je ne raffole pas.

Rah, difficile de jeter un vin aussi bon!
L'apothéose vient avec le déjeuner. Je m'attendais à un truc de touriste, genre buffet à volonté avec viande trop cuite. Que nenni. Notre petit groupe se retrouve attablé autour d'une magnifique table en bois, dans un décor vraiment magnifique. Le repas est traditionnel et très fin, le vin est servi largement (on est en Argentine!) et cette fois, tout le monde finit ses verres! Champagne sur rouge sur blanc... Bizarrement ça passe très bien. Il faut dire que la qualité est au rendez-vous. Et ça vaut aussi pour la conversation. A table, trois Chiliens, deux Australiens, une Argentine et moi. Tout naturellement, la discussion s'oriente sur la comparaison de nos systèmes sociaux et politiques. Médecine publique et privée, aides sociales mal distribuées, éducation... Je crois que c'est une des choses que j'apprécie le plus ici : les gens parlent facilement, de tout. Au Pérou et en Bolivie, difficile d'engager la conversation, même si tout le monde fait tout son possible pour rendre service. Au Brésil, les gens parlent facilement, mais il y a toujours la barrière de la langue. Ici, c'est donc la première fois que je peux vraiment avoir des discussions sérieuses et passionnantes avec des sud-américains et j'adore !

Bref, le repas se termine, il est déjà temps de rentrer à Mendoza. En voiture, cette fois, c'est plus prudent! ;-)

jeudi 19 septembre 2013

Cosa extranas vues au fil de mes promenades

Une fois n'est pas coutume, voici un post essentiellement en images. Y por que no, maintenant que je peux enfin télécharger mes photos comme je veux? Bref, à force de me promener un peu partout dans les rue de Buenos Aires et de Mendoza, fatalement, je croise des choses surprenantes ou amusantes. Petit florilège des derniers jours.


De l'eau rouge plaza de Chile
 


Alors, cette semaine on fête le Chili (c'est la fête nationale là-bas) sur la place du Chili. Jusque-là, logique. Et comme l'une des couleurs du drapeau, c'est le rouge, bin l'eau de la fontaine est devenue rouge, elle aussi... Personnellement ça me fait plutôt penser à un bain de sang mais je dois lire trop de polars, il faut que j'arrête :)










Une librairie dans un ancien théâtre de Buenos Aires
Je vous présente l'Athnéo. Cet ancien théâtre, magnifique, a été reconverti en une librairie géante, où les alcôves servent de salon de lecture. Sur la scène, un café où vous pouvez feuilleter les ouvrages tout en sirotant un café con leche.

Des poubelles en hauteur = moins de bêbêtes qui viennent fouiller dedans









Ceux qui habitent à la campagne le savent : il n'est pas rare qu'une bestiole affamée vienne éventrer les sacs poubelle pendant la nuit. Pas très très agréable de retrouver ses déchets étalés au grand jour, surtout qu'en plus, il faut ensuite les ramasser. Les Argentins ont trouvé LA solution : ils mettent leur poubelles en hauteur. C'est tout simple, mais il fallait y penser. Les Brésiliens font pareil, avec des crochets.
Pédaler en papotant sur un banc, pourquoi pas?




Vous avez toujours rêvé de pouvoir brûler des calories en restant les fesses sur une chaise? Voici la solution : dans Puerto Madero, les anciens docks rénovés de Buenos Aires, vous pouvez pédaler tout en mangeant votre sandwich du déjeuner sur un banc.









Une petite cotelette ?
La viande, une véritable institution ici. Mieux vaut toutefois l'aimer bien cuite et bien salée. La cuisson traditionnelle se fait très lentement, au feu de bois, avec des morceaux de viande assaisonnés de gros sel.
Petits appétits s'abstenir, le baby steack peut faire dans les 500 grammes. Quand je vous dis que les Argentins sont généreux !

Un pays de contradictions économiques

Des Argentins très politisés, très concernés par l'économie et passionnés de débats.
Houla, voilà un post bien sérieux pour un mercredi soir. Mais ça fait plusieurs jours que j'y pense. Ca m'est venu en discutant avant mes deux "potes de conversation" argentins. En arrivant à Buenos Aires, franchement, la première impression, c'est qu'on est dans n'importe quelle grande capitale, plutôt côté Amérique du Nord, avec un petit côté européen désuet, rapport aux nombreux buildings construits façon Haussmann. Buenos Aires est même plus moderne que Paris a bien des égards. Ici on se connecte au wifi gratuitement n'importe où, les voitures sont flambant neuves (et pas amochées par les accrochages et autres incidents de parkings successifs dont sont victimes les véhicules parisiens...) et les filles habillées à la dernière mode (automne-hiver, saisons inversées obligent). Les garçons sont développeurs ou architectes, ils parlent 4 ou 5 langues et ont voyagé de par le monde. Oui, l'Argentine vit comme n'importe quel autre pays développé. Et point d'ailleurs au 45e rang mondial en termes d'indice de développement humain (IDH) pour autant que ça veuille dire quelque chose.

Et pourtant, ce n'est que la face visible de la médaille. Grattez un peu et la vérité est tout autre. "Oui, nous avons l'air de vivre comme vous, sauf que le système est beaucoup plus fragile que le vôtre" m'explique un Argentin. Ici, le système peut s'effondrer d'un jour à l'autre, c'est d'ailleurs ce qui se passe à peu près tous les dix ans. Dernière crise en date : 2001. La parité peso/dollar est brisée, en quelques jours le système s'effondre, la moitié de la population se retrouve sous le seuil de  pauvreté. Et puis le système se remet en route, mais selon les mêmes rouages qu'avant la crise. "Ils refont les mêmes erreurs, qui conduisent fatalement aux mêmes conséquences."

En ce moment, c'est l'inflation qui régit la vie de tous les Argentins. +30% en un an. Les salaires suivent-ils? "Ils augmentent, mais pas autant, bien sûr" m'explique un autre interlocuteur. Et pendant ce temps-là, que fait le gouvernement? Il ferme ses yeux et ses oreilles. Les chiffres officiels ne reflètent en rien la réalité sur le terrain. Tous les Argentins que j'ai rencontrés le disent et je le vérifie moi-même chaque jour. Entre les prix annoncés par mon guide de 2013 (écrit en 2012, donc) et les prix réels, il y a souvent une différence du simple au double.

Pour retarder l'effondrement du système, l'état fait donc travailler la planche à billets. Et restreint l'accès aux autres monnaies, ce qui conduit à des pratiques surprenantes. L'autre jour, je voulais changer des dollars. Le taux de change officiel est assez bas, moins de 7 pesos pour 1 USD dans les boutiques officielles. En revanche, au restaurant, si je paie en dollars, tout de suite l'addition diminue. Même chose à mon hostel où je réussi à changer 150 dollars à raison de plus de 8 pesos le dollar. Une valeur sûre, à laquelle les Argentins n'ont pas officiellement accès. Il faut donc ruser pour passer outre ces interdits.

Ce qui me rassure dans tout ça? C'est que les Argentins ne sont pas dupes, tous ceux avec qui j'ai parlé de politique et d'économies m'ont dit la même chose. Ils sont sur une pente glissante, ils le savent, n'y peuvent pas grand-chose et ont donc décidé d'en profiter et de vivre bien, temps qu'ils en ont les moyens. Ils trouveront bien une façon de se relever, comme à chaque fois. Et s'ils avaient raison?

De la générosité des Argentins

 
Les Argentins sont généreux, y compris quand il s'agit de remplir les verres.
Avant de parler de Mendoza, de l'économie argentine et autres sujets ô combien important, un petit post consacré à la gentillesse des Argentins. Depuis mes mésaventures indiennes, j'attache une importance toute particulière à l'attitude des "locaux", alors que je n'y faisais pas particulièrement attention avant.
Et là, je dois dire que les Argentins ne sont pas loin de détrôner les Brésiliens dans mon cœur. On m'avait dit qu'ils étaient rudes, pas trop fiables, que les hommes étaient machos. J'ai peut-être eu de la chance jusqu'ici, je ne sais pas, mais voici quelques exemples piochés au fil de ces premiers jours.

  • Lundi matin, pluie battante, je décide de prendre le bus. 3,50 pesos, me demande le chauffeur. Misère, la machine ne prend que la monnaie et je n'ai que des billets. Je farfouille dans mes poches en attendant que le chauffeur me propose une solution. Finalement, une dame assise à côté demande au chauffeur combien je dois payer et prend mon billet sur sa carte, tout naturellement. Ce n'est pas grand chose, certes, mais j'ai trouvé ça tellement gentil. Personnellement, je ne suis pas sûre que j'aurais fait la même chose dans les mêmes circonstances...
  • Lundi soir, après un après-midi au cinéma (pluie oblige), je rencontre Pablo, un Argentin qui voulait pratiquer son Français et avec qui j'avais donc pris rendez-vous via conversation exchange. Deux heures à papoter de l'économie argentine, des différence France/Argentine, de politique... Je m'absente trois minutes et découvre qu'il a payé l'addition. Arrivés au métro, il passe naturellement sa carte à ma place en me disant que je ne vais quand même pas faire la queue pour juste acheter un billet. Encore une fois, c'est pas grand-chose et pourtant, c'est super gentil.
  • Aujourd'hui, je débarque à l'hostel de Mendoza où j'ai réservé un lit dans un dortoir. "J'ai une chambre privée inoccupée, alors je te la donne, pour le même prix", m'annonce Miguel. Et me voici donc avec ce qui sera probablement ma seule habitation privada, pour pas un peso de plus.

>> Générosité dans l'assiette et dans les verres également. A Buenos Aires, le petit déjeuner était tellement copieux que je tenais jusqu'au soir sans manger. Quant au vin... Je n'ai pas encore réussi à fini un seul de leurs verres tellement ils sont... Impressionnants. Au moins deux verres parisiens, au bas mot.

Bref, ces petites scènes du quotidien illustrent une sensation générale : ici, les gens sont prêts à aider et à s'entraider et ça fait du bien.

lundi 16 septembre 2013

Il paraît que l'hiver, c'est la saison sèche...

J'ai croisé Mafalda sous la pluie :)
Comment dire... Environ 48 h que je suis là, dont 35 de pluie sans discontinuer. Ca a commencé doucement hier matin, une fine pluie en arrivant au cimetière de la Recoleta. Je me disais que c'était de circonstance. Et ça s'est rapidement arrêté, donc pas de souci. Vers 14h30 rebelote, doucement d'abord, puis de façon un peu plus intense. Pas la grosse averse mais la pluie fine, qui pénètre et transperce, vous laissant frigorifié et mouillé même après vous être changé. Hier soir, j'ai quand même persisté et décidé d'aller au resto dans San Telmo, le quartier bohème des routards où je n'avais pas encore mis les pieds. Le temps de quelques empenadas et d'une bonne assiette de frites, la pluie avait redoublé de violence... 15 minutes à pied plus tard, j'arrive à l'auberge dégoulinante "mojada hé?" me lance le mec de l'accueil. Un peu, oui. "Mais c'est normal, on attendait ce mauvais temps, on n'a pas eu d'hiver" m'explique-t-il avec le sourire. Ah bin oui je comprends, le problème c'est que moi j'en ai eu un, d'hiver, alors j'aurais bien passé la pluie.
Ce matin, j'avais l'impression que le décalage m'avait fait me réveiller trop tôt. Non non, il était bien 7h30 mais le soleil était toujours en grève. Au petit déj', la pluie tambourinait sur la véranda. Mais bon, je n'allais quand même pas rester enfermée à cause de quelques gouttes de pluie, si? Je suis normande quand même ! Je demande à Wendy, à l'accueil : "Tu sais où je peux acheter un paraguas?" Oui juste en bas il y a un vendeur me dit-elle. Délestée de 40 pesos me voici donc avec un parapluie flambant neuf... Il m'aura fallu moins de 15 minutes pour réaliser que les parapluies bon marché en Argentine sont comme les parapluies bon marché en France : jetables. A peine le temps d'arriver à la plaza 15 de Mayo, le mien finit à la poubelle, les baleines complètement détruites. Ah oui, parce que j'ai oublié de préciser : il pleut oui, mais en plus il y a du vent!

Même sous la pluie, la Boca a du charme.
Obstinée je suis, je persiste donc à arpenter les rues de San Telmo. C'est effectivement mignon, avec des maisons plutôt que de grands immeubles à la parisiennes. Mais je n'ai pas de photo à vous montrer, trop compliqué de sortir l'appareil sous la pluie. Un café con leche plus tard, je décide de filer vers la Boca, le quartier le plus touristique de Buenos Aires. Et pour cause : il est à lui seul l'image d'Epinal que nous avons de l'Argentine. Pourtant, ça commençait mal. La boca est un quartier pauvre, très pauvre. Un jour, un artiste du coin eut l'idée de demander aux habitants de repeindre leur maison, histoire de mettre un peu de couleur sur ces habitations de bric et de brocs (du bois et des tôles, globalement). Chacun débarqua avec des fonds de pots de peinture. Résultat : une rue complètement bariolée, au charme fou (même sous la pluie, oui). Aujourd'hui, il ne reste plus que des restaurants et des magasins pour touristes, mais la magie opère quand même. Sauf que sous la pluie, la balade prend un côté fin du monde, surtout quand il s'agit de traverser les entrepôts pour rejoindre le centre-ville.
Arrivée à l'auberge, je capitule : mon sac à dos est plus trempé qu'une éponge, mes chaussures pourtant étanches sont sur le point de rendre l'âme, mon jeans a déteint sur mes jambes qui sont bleues, mon écharpe est bonne à essorer... Cet après-midi, je vais au ciné !

Eva, Evita, Argentina definitly cries for you

Comme tous les touristes qui débarquent en Argentine, j'ai cette chanson dans la tête depuis des jours, "Don't cry for me Argentina", originellement comédie musicale, rendue célèbre par le film Evita dans les années 1990.

Eva est partout, y compris sur les façades des immeubles les plus modernes.
Evita, c'est Eva Peron, la femme de Juan. Si célèbre et adulée des Argentins qu'on en oublierait presque que c'était Juan le président. L'histoire commence comme un conte de fée. Eva Duarte et pauvre et joue l'actrice. A l'occasion d'une tournée politique, elle rencontre Juan. Passionnée, elle se lance dans un véritable combat pour défendre les plus pauvres et les femmes. Très vite, elle devient hyper populaire auprès des classes populaires. Une icône, une sainte presque aux yeux de certains. Cette image intouchable se trouve renforcée à sa mort tragique, à 33 ans, des suites d'un cancer du col de l'utérus. Une légende est née, mais elle va mettre plus de 20 ans avant de pouvoir reposer en paix. Son mari n'est plus vraiment le bienvenu en Argentine, il s'exile en Europe, le corps d'Eva, embaumé est secrètement inhumé pendant plusieurs années en Italie, avant que Juan Peron et sa nouvelle femme, Isabel, ne parviennent à le faire venir à Madrid, où ils vivent en exil depuis les années 50. Ce n'est qu'en 1976 qu'Eva rejoindra effectivement le caveau familal Duarte, dans le joli cimetière de la Recoleta, à Buenos Aires.

Alors qu'en Europe l'image du couple (enfin de Monsieur surtout) est "discutée" sinon discutable, ici, Eva est littéralement partout. Musée, nom de rue, immeuble, billet de banques, photos dans quasiment tous les musées et même dessins sur la façade d'un immense immeuble ! Eva Peron, c'est la Marianne des Argentins. Une histoire à la Lady Di qui continue de les bouleverser.

Le caveau familial des Duarte est parmi les plus fleuris du cimetière de Recoleta.
A tel point que dans les années 1990, lorsque Madonna campa la jeune femme pour le film Evita, elle eut comme qui dirait quelques soucis avec la population locale, qui ne voyait pas d'un très bon œil le fait que son héroïne chérie prenne les traits d'une chanteuse... sulfureuse disons. Résultat: l'équipe a du finir le tournage à... Budapest! Oui, quand même... On ne rigole pas avec Evita !

Quant à Juan, après un exil d'une vingtaine d'années, il revient au pouvoir en 1973, mais meurt environ un an plus tard, permettant ainsi à Isabel, sa troisième femme, de "régner". Elle est présentée ici comme une pâle copie d'Eva et bien qu'elle ait eu un rôle politique plus important, je n'ai pas encore trouvé une seule photo d'elle.

dimanche 15 septembre 2013

Buenos Aires, l'Américaine

La célèbre Plaza de Mayo, avec au fond le palais du gouvernement.
Eh bien je vais vous dire une chose : si je n'avais pas été sûre de prendre le bon avion, si je n'avais pas scruté le trajet pendant 10 heures et entendu le pilote nous souhaiter la bienvenue à Buenos Aires, j'aurais pu croire que j'avais atterri quelque part en Californie ou au nouveau Mexique. Envidemment, je suis là depuis moins de 24h et je suis qu'en m'engouffrant un peu plus dans la ville, je vais voir bien des différences. Mais pour qui connaît l'Amérique du sud type Bolivie/Pérou, Buenos Aires n'a juste rien à voir. Buildings modernes, panneaux lumineux type Broadway, grandes avenues d'une propreté irréprochable, Carrefour market à tous les coins de rue, écrans plas, wifi dans tous les bars et restos, CB acceptée partout, grandes artères commerciales et même grands MALLS... La première impression en arrivant à Buenos Aires, c'est qu'on a débarqué en Amérique certes, mais plutôt du Nord que du Sud. Pour l'instant je ne me suis promenée que dans le Centro donc ce n'est pas nécessairement représentatif mais dans certaines petites rues, avec les petits cafés bobos, les terrasses mignonnes, tout ça... J'avais l'impression d'être à Montréal :) Au point qu'hier soir j'ai oublié que je n'étais pas censée boire l'eau du robinet ici. Bon, pas malade pour l'instant!

La différence, je l'ai surtout sentie en explorant le côté politique de l'Argentine. Hier, malgré une dette de sommeil bien bien avancée, j'ai mis le nez dehors. Première escale : la place 5 de Mayo, la fameuse, celle où les femmes sont les fils ou les mari avaient "disparu" défilaient chaque jeudi en tournant. On les appelait les folles de Mai, sauf qu'elles étaient tout sauf folles, les pauvres. La place 5 de Mayo c'est le centre politique de l'Argentine. De nombreuses manifestations s'y déroulent, en face du Palais du gouvernement. Il  y a même des anciens combattants qui réclament réparation, installés dans une tente au milieu des banderoles.

Au fond, la casa rosada, un "palais" effectivement très rose (les goûts et les couleurs...) où siège le gouvernement. D'où les manifestations de la place de Mai. La visite guidée (gratuite et très intéressante!) nous entraîne dans une succession de pièces assez luxueuses. La galerie du bicentenaire expose les portraits de nombreux "patriotes de l'Amérique du Sud". Che Guevara y figure en bonne place, mais aussi et surtout Juan et Eva Peron. Mais ce sera l'objet de mon prochain post. Il y a tant à dire sur Evita...

PS : ah oui, tout de même, en prime une photo de cette fameuse Plaza 5 de Mayo, autre gros progrès de ce blog 2013 avec les accents et la ponctuation! :)

samedi 14 septembre 2013

Esta, ouvre moi les portes de l'aéroport

Hier, j'ai eu la frayeur voyage de ma vie.
Après une matinée de boulot sur les chapeaux de roue, j'ai donc traîné mes guêtres (enfin, mes chaussures de randonnée) et mon sac de voyage à Orly, direction l'Argentine. Le bon vin, le tango, don't cry for me, tout ça tout ça. Arrivée bien en avance, je tends, pleine d'assurance, mon passeport flambant neuf à l'hôtesse qui enregistre mes bagages.
Small talk, l'Argentine c'est super etc. "Et vous avez bien votre autorisation Esta?" me demande-t-elle en souriant. Moi : "Euh, bin nan puisque je vais en Argentine, pas aux US." "Oui, mais vous posez les pieds sur le sol américain, vous allez donc devoir passer la douane américaine, récupérer votre bagage puis le réenregistrer. Donc : il faut vous une autorisation Esta. Sinon, ils vont vous renvoyer et ça coûtera 7000 euros d'amende à la compagnie", m'assène-t-elle, toujours avec le sourire! Il y a une borne internet juste à côté m'explique-t-elle, je n'ai qu'à m'inscrire, des fois ça marche tout de suite, des fois ça prend 24 h, auquel cas je serai bien obligée de changer le billet pour le lendemain. Gloups.
Pas le temps de pester contre ces Américains qui, décidément, ont une façon un peu particulière de gérer les flux migratoires. Je sais que je l'ai déjà dit mais je le répète : ils n'ont pas l'air de réaliser que la menace vient surtout de l'intérieur. Ni que s'ils ne nous faisaient pas entrer sur le territoire américain, bin on ne constituerait pas une menace du tout! Je veux dire, dans les autres aéroports, quand on est en transit, on reste en zone internationale et tout se passe bien quoi...
Bref, tremblante, je pianote sur mon téléphone en priant pour que la batterie ne me lâche pas au dernier moment. Nouveau moment de solitude : je dois remplir les champs obligatoires "Adresse aux Etats-Unis"... Mais puisque je vous dis que je ne vais pas aux Etats-Unis!!! Je me résous donc à mentir et à dire que je vais à Brooklyn... Après quelques minutes de moulinage, coup de bol : autorisation acceptée du premier coup, bienvenue aux Etats-Unis! Ca change rien, je ne vais PAS aux US je vous dis!
Bon, heureusement, la suite du voyage est moins mouvementée. Arrivée à JFK, mon rhume s'est largement dégradé et je lis avec anxiété les panneaux "grippe aviaire" qui nous disent que si on a des frissons, le nez qui coule et mal au crâne, on ferait peut-être bien de ne pas rentrer aux US. Je fais donc de mon mieux pour avoir l'air en forme. Et ça doit marcher à peu près puisque je n'ai jamais passé une frontière américaine aussi rapidement. Petit kif du jour, le douanier me re-regarde après avoir scruté mon passeport : "Wow, you're 35? I thought you were 23!" Bon OK, il y a donc des douaniers américains sympathiques ;)
Bien arrivée à Buenos Aires, depuis 2 h, mais ça, ce sera pour le prochain post. Et là, il y aura des photos!
Au fait, vous avez remarqué? Maintenant je peux mettre des accents et de la ponctuation, j'adore mon mini-PC, j'espère ne pas me le faire chourrer d'ici la fin du voyage :)