dimanche 15 octobre 2017

TCP, l’eden sucrier de Moshi



Avant de repartir pour Arusha et les parcs nationaux, une dernière visite dans la région de Moshi s’imposait. Edmond, mon chauffeur-guide à Moshi, m’a proposé d’aller visiter une plantation de canne à sucre. Je m’attendais à une ferme où l’on travaillait presque manuellement. En fait, j’ai découvert le site de TCP, la plus grande entreprise de production de sucre du pays. Et comme les Tanzaniens raffolent du sucre, autant dire que… C’est grand. Avant d’arriver à l’usine, des kilomètres de champs de canne à sucre défilent de chaque côté de la route. Et puis, l’usine se dessine sur la gauche : des wagons entiers de cannes à sucre sont déversés dans un contener, pour disparaître ensuite dans l’usine. Et juste après l’usine, un vrai paradis s’ouvre sous nos yeux : des jardins verdoyants, un golf gigantesques, une piscine immense, un restaurant… « La compagnie TCP a créé une communauté : tous les employés vivent ici, m’explique Edmond. Comme tu vois, il y a des magasins, un hôpital, un poste de police, une banque et même un poste à essence. Les employés ont tous de petites maisons proches de l’usine. » Et vu le cadre iddylique, peu d’entre eux ont envie de s’éloigner.
Un fonctionnement qui peut surprendre, mais Edmond m’assure que décrocher un emploi à la TCP, c’est l’assurance d’une vie facile : assurance maladie, retraite bien payée… Apparemment, les conditions sont excellentes… Sauf pour les pauvres coupeurs de canne à sucre qui, eux, sont des saisonniers freelance. Les inconvénients du métier, sans les avantages, donc.
Au-delà du paradis de luxe  assez inattendu au milieu de la campagne tanzanienne, l’histoire de TCP est assez intéressante. Nationalisée dans les années 1960 lorsque la Tanzanie est devenue indépendante, la TCP a fait faillite dans les années 1980. Elle a alors été re-privatisée et achetée par un riche homme d’affaires mauritien, qui en a fait une entreprise florissante.
L’an dernier, il a eu un coup de pouce relativement inattendu de la part du président tanzanien. Dans une volonté de rendre la Tanzanie auto-suffisante, ce dernier a brusquement décrété que les importations de sucre devaient cesser. Les Tanzaniens raffolant du sucre, cela a été vécu comme une véritable catastrophe nationale : le cours du sucre a grimpé en flèche et il y a eu une pénurie pendant six mois. Un véritable enfer. Suite à cela, la production tanzanienne (et donc celle de TCP) a augmenté. Et les importations ont quand même rouvert, devant la colère du peuple !

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