Avant de repartir pour Arusha et les parcs nationaux, une
dernière visite dans la région de Moshi s’imposait. Edmond, mon chauffeur-guide
à Moshi, m’a proposé d’aller visiter une plantation de canne à sucre. Je m’attendais
à une ferme où l’on travaillait presque manuellement. En fait, j’ai découvert
le site de TCP, la plus grande entreprise de production de sucre du pays. Et
comme les Tanzaniens raffolent du sucre, autant dire que… C’est grand. Avant d’arriver
à l’usine, des kilomètres de champs de canne à sucre défilent de chaque côté de
la route. Et puis, l’usine se dessine sur la gauche : des wagons entiers
de cannes à sucre sont déversés dans un contener, pour disparaître ensuite dans
l’usine. Et juste après l’usine, un vrai paradis s’ouvre sous nos yeux :
des jardins verdoyants, un golf gigantesques, une piscine immense, un
restaurant… « La compagnie TCP a créé une communauté : tous les
employés vivent ici, m’explique Edmond. Comme tu vois, il y a des magasins, un
hôpital, un poste de police, une banque et même un poste à essence. Les
employés ont tous de petites maisons proches de l’usine. » Et vu le cadre
iddylique, peu d’entre eux ont envie de s’éloigner.
Un fonctionnement qui peut surprendre, mais Edmond m’assure
que décrocher un emploi à la TCP, c’est l’assurance d’une vie facile :
assurance maladie, retraite bien payée… Apparemment, les conditions sont
excellentes… Sauf pour les pauvres coupeurs de canne à sucre qui, eux, sont des
saisonniers freelance. Les inconvénients du métier, sans les avantages, donc.
Au-delà du paradis de luxe
assez inattendu au milieu de la campagne tanzanienne, l’histoire de TCP
est assez intéressante. Nationalisée dans les années 1960 lorsque la Tanzanie
est devenue indépendante, la TCP a fait faillite dans les années 1980. Elle a
alors été re-privatisée et achetée par un riche homme d’affaires mauritien, qui
en a fait une entreprise florissante.
L’an dernier, il a eu un coup de pouce relativement inattendu
de la part du président tanzanien. Dans une volonté de rendre la Tanzanie
auto-suffisante, ce dernier a brusquement décrété que les importations de sucre
devaient cesser. Les Tanzaniens raffolant du sucre, cela a été vécu comme une
véritable catastrophe nationale : le cours du sucre a grimpé en flèche et
il y a eu une pénurie pendant six mois. Un véritable enfer. Suite à cela, la
production tanzanienne (et donc celle de TCP) a augmenté. Et les importations
ont quand même rouvert, devant la colère du peuple !
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