C’est assez rare pour être souligné: en Tanzanie, il n’y a
quasiment pas de conflits inter-religieux ou inter-ethniques. C’est
suffisamment rare et surprenant pour attirer l’attention, notamment dans un
pays où se côtoient pas moins de 120 ethnies différentes. Côté religions, les
Chrétients et les Musulmans représentent chacun environ un tiers de la
population. Le dernier tiers regroupe à la fois des Hindous et d’autres
religions plus rares.
Parmi les explications avancées, la plus pragmatique est qu’aucune
ethnie n’était suffisamment forte par rapport aux autres pour s’imposer !
Chacun aurait donc fait preuve de bon sens et choisi de contribuer à la paix dans
le pays. Côté religions, ici cela semble comme une évidence : il n’y a pas
de raison que ça se passe mal ! J’ai interrogé pas mal de personnes et
tout le monde a la même version : chacun respecte l’autre, les mariages
interreligieux ne posent pas de problème, et tout le monde profite des jours
fériés des deux religions !
Après avoir un peu cherché dans l’histoire de la Tanzanie,
indépendant depuis 1961, après la domination succession des Allemands puis des
Anglais, il semble que le premier président tanzanien, Nyerere, qui « régna »
pendant 25 ans, y soit pour beaucoup. Il est mort depuis près de 20 ans mais
semble encore extrêmement présent dans l’esprit et dans la vie des Tanzaniens.
Le « mwalimu » (le professeur, en swahili) a eu pas mal de fil a
retordre dans les premières années de son mandat : les caisses étaient
vides, et les Tanzaniens pas du tout préparés à reprendre les rênes des
différentes institutions. C’est lui qui a fait de l’éducation une priorité,
permettant ainsi à la Tanzanie de devenir l’un des pays au taux d’illétrisme le
plus bas en Afrique. Il a aussi fait la
promotion de l’esprit « de village » ou « de famille ». L’idée
est simple : chacun doit s’entraider au sein d’un même village ou d’une
même famille. Ca tombe sous le sens, c’est vrai, mais institutionnaliser cette
notion a permis d’éviter qu’il y ait des « laissés pour compte ».
Pour Edmund, mon guide de Moshi, qui m’a beaucoup parlé de
la Tanzanie, une des raisons pour lesquelles le pays est si calme comparé à ses
voisins, c’est la personnalité même des Tanzaniens : « Nous ne sommes
pas du genre à nous rebeller, ou à questionner les décisions qui sont prises. C’est
pacifique, mais parfois je pense qu’on devrait se batttre pour obtenir plus de
choses. » Edmund n’a sans doute pas tort. En attendant, pour la touriste
que je suis, cela reste un véritable bonheur de voir que la diversité
culturelle peut être vécue comme une richesse pour tout le monde et non comme
une compétition.
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