Habana vieja |
Par chance, j’avais choisi un peu au hasard une auberge de
jeunesse située à la fin du quartier de Centro Habana. Sans cela, je n’aurais
probablement jamais eu l’idée d’y faire un tour. Bon, j’avoue que quand j’ai
compris que je devrais marcher 20 minutes (10 selon le propriétaire de l’AJ,
qui doit courir, sans doute) en plein cagnard pour rallier le centre
historique, je n’ai pas immédiatement trouvé ça génial… Surtout pas ce premier
matin, vers 9 h où, après une nuit dans un dortoir de 8 lits grinçants (avec en
prime deux ronfleurs), je me suis mise en route pour le quartier touristique,
Habana vieja. Eau croupie dans le caniveau, odeurs mélangées de vieilles
poubelles et d’urine, immeubles et rue ravagés, des portes et des fenêtres
ouvertes sur des appartements insalubres où tout le monde s’entasse dans une
seule pièce… Bref, un dénuement sinon total du moins bien prononcé… Je
commençais presque à me demander ce que les touristes pouvaient bien trouver de
si envoûtant à la Havane… jusqu’à ce que j’arrive à la fin du boulevard San
Rafael et que je découvre… La vieille ville ! Qui en fait est beaucoup
plus « neuve » (ou plutôt rénovée) que le centre. Un vrai décor de
cinéma, juste assez abîmé pour avoir quand même l’air vrai. Palais coloniaux,
places ombragées aux monuments majestueux, groupes de musiciens littéralement à
tous les coins de rue… Je dois dire que Habana Vieja est un véritable
enchantement pour les yeux et pour les oreilles (pour le nez, il va encore
falloir améliorer le tout-à-l’égoût et le ramassage des poubelles) ! Et de
l’ombre avec ça, histoire de ne pas mourir tout de suite de la chaleur.
Centro Habana... |
En réalité, il y a 10 ou 20 ans, la vieille ville ne
ressemblait pas du tout à ça. Le gouvernement a fini par comprendre l’intérêt
de miser sur le tourisme culturel, et un vaste programme de rénovation a permis
de redonner ses lettres de noblesse au quartier. Et ce n’est pas fini, ici et
là, les travaux continuent, notamment pour créer une promenade arborée au
niveau de l’ancien port.
Au-delà du plaisir de se promener dans ces rues
animées, où l’on imagine si facilement la vie du 19e, presque
palpable, un léger malaise survient, notamment aux abords de la calle Obispo,
où touristes et Cubains déambulent pourtant avec plaisir. Ici, restaurants, bars
et magasins supposément destinés aux Cubains se côtoient. Mais rares sont ceux,
parmi les locaux, qui peuvent véritablement s’offrir les produits en vitrine.
Que l’on ne trouve par ailleurs pratiquement nulle part. Bref, une rue
« témoin », apparemment voulue par Fidel pour montrer au monde que
Cuba va bien. Dommage que beaucoup de touristes se cantonnent à la vieille
Havane et n’aient pas l’idée de pousser un peu plus loin. Un petit tour dans
Centro Havana, ça remet pas mal les idées en place.
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