samedi 12 octobre 2013

Des toilettes propres, mais sans verrous

Mon voyage se termine (pour tout dire je suis à l'aéroport de Sao Paolo, en transit, 5h30 d'attente, tout de même) et je réalise que je n'ai pas écrit mon traditionnel post annuel sur les toilettes visités pendant mon voyage. Je suis sûre que ça vous manque, je répare donc mon erreur.

>> Premier constat: comme pour le reste, l'Argentine ressemble plus à l'Europe qu'à l'Amérique du Sud en termes de banos. Ici, pas de toilettes publiques gardés par des madames qui distribuent du papier toilette pour 2 pesos. Non, il faut galérer pour trouver et, comme en France, les restaurants l'affichent à l'entrée : toilettes réservées à notre clientèle.

>> 2e constat : la grande différence avec la France, tout de même, c'est qu'ici, c'est PROPRE. D'une propreté irréprochable même. Ca sent bon, on n'a pas l'impression qu'on risque de contracter la peste en touchant la poignée de la porte, limite presque on oserait s'assoir (enfin faut pas exagérer non plus). Le plus souvent, il y a du papier, du savon et des serviettes pour s'essuyer les mains.

>> Contrairement au reste de l'Amérique du Sud, ici, on a le droit de jeter le PQ dans les toilettes et non pas dans la poubelle à côté. Il semblerait que le réseau des eaux usées fonctionne mieux qu'ailleurs! Le réseau des eaux tout court d'ailleurs puisque je suis fière d'annoncer que j'ai bu l'eau du robinet pendant presque tout mon voyage et que je n'ai pas (encore) été malade!

>> En fait le seul, mais le VRAI défaut des toilettes argentines, c'est que bien souvent, elles ne ferment pas à clé!! Parfois il y a un verrou, qui ne marche pas, parfois il n'y en a pas du tout, parfois il y en a eu qui, qui a été enlevé... Toujours est-il que plus d'une fois sur deux, on se retrouve à coincer la porte avec son pied tout en essayant de procéder à ce qu'on est venu faire. Et le pire, c'est que les gens qui, pourtant, donc, savent qu'il y a un risque pour que la porte soit ouverte mais qu'il y ait quelqu'un dans les toilettes, ne prennent pas la peine de frapper! Fatalement, on risque de se prendre quelques portes dans la tronche ou exposé à la vue de tous... Pourquoi cette absence de verrou? Un complot des claustrophobes argentins anonymes? Cela restera un mystère, à moins que quelqu'un ait une explication?

jeudi 10 octobre 2013

Ushuaia, entre mer et montagne, la ville la (presque) plus au sud du monde

Le phare du bout du monde, c'est lui !
Bon, commençons par rendre à César (ou plutôt au Chili) ce qui lui appartient : la ville la plus au sud du monde, c'est Puerto Williams et non pas Ushuaia, même si ça se joue de peu. Mais bon, Ushuaia s'est octroyé ce titre en s'auto-baptisant "ville de la fin du monde" (je vous jure) et Nicolas Hulot en a rajouté une couche donc voilà quoi...

Bref, toujours est-il que symboliquement, ça fait super bizarre d'être là, de se dire que c'est la fin, qu'il y a plus rien après. L'ambiance ici est assez particulière. Normalement Ushuaia c'est très touristique (enfin on s'entend, c'est loin quand même donc tout le monde ne vient pas jusqu'ici non plus), mais comme ce n'est pas encore tout à fait la saison, c'est  la fois calme et mouvementé, on sent que tout reprend vie peu à peu côté tourisme, pendant que l'activité fluviale se poursuit. Eh oui, c'est d'ici que partent les bateau pour l'Antartique. Des croisières d'au moins deux semaines à des prix prohibitifs (ça va chercher dans les 5000 dollars, quand même), mais quelle destination mythique! En regardant les bateaux sur le port on se prend à imaginer la vie des marins et des passagers, ce parcours si étranger qu'ils vont faire dans les prochaines semaines. Et puis il y a aussi tous les cargos pleins de containers multicolores. C'est qu'Ushuaia est située sur le canal de Beagle, un canal naturel (pas grand chose à voir avec le canal de l'Ourcq, ici il est large de plusieurs kilomètres), qui sépare le Chili de l'Argentine et, surtout, relie l'océan Atlantique et à l'océan Pacifique. Fatalement, il y a donc beaucoup de passage, quoi que là encore ce soit bien sûr tout relatif.

A Ushuaia, les Andes plongent dans la mer et les arbres poussent penchés.
Mais Ushuaia, c'est aussi le début des Andes et ça aussi, c'est mythique ! Les paysages sont vraiment impressionnants: les montagnes enneigées se jettent littéralement dans la mer, la ville s'accroche à des rues en pentes qui n'ont rien à envier à celles de San Francisco. Parsemez le tout de quelques arbres qui ont poussé penchés à cause du vent... La carte postale est magique!

C'est sûrement pour ça que pour l'instant je n'ai pas du tout envie de revenir. Mais bon, demain après-midi, je pends l'avion (ah non, je ne refais pas le trajet de bus dans l'autre sens! De toute façon il faudrait trois jours pour atteindre Buenos Aires et mon avion part vendredi!), bye bye el fin del Mundo. Ou plutôt devrais-je dire, bye bye Tierra del Fuego. Une dernière anecdote pour la route : il paraît que les premiers arrivants européens ont ainsi nommé ce territoire à cause des signaux de fumée des Indiens qu'ils apercevaient au loin.

Difficile voyage jusqu'au bout du monde

Mesdalmes et messieurs, le détroit de Magellan !
Bon, on peut dire que je l'ai cherché, mais tout de même, mon dernier trajet en bus n'a pas été de tout repos. Hier, aux petites heures du matin (vraiment, je suis sortie de l'auberge à 2h30 du matin, après 3 h de sommeil), j'ai donc pris un premier bus pour me (re) conduire jusqu'à Rio Gallegos, afin d'y prendre ma correspondance pour... Ushuaia. C'est à quelques kilomètres de Rio Gallegos que les ennuis ont commencé. Enième contrôle douanier (il y en a partout, par ici, rapport notamment  la proximité de la frontière chilienne). Cette fois, les policiers montent dans le bus pour vérifier les papiers (ce n'est pas toujours le cas). Alors qu'ils ont fait le tour des deux étages, le bus ne repart pas et je vois quatre personnes descendre. On attend. 5 minutes, 10 minutes... Au bout de 25 minutes je commence vraiment à m'inquiéter puisque j'ai moins d'1 h pour attraper mon bus suivant. Je vais donc voir le chauffeur qui m'explique avec le plus grand calme que les passagers que j'ai vus descendre n'avaient pas leurs papiers et qu'il faut donc que l'on attende que les policiers aient pu faire les vérifications d'usage. Cela devrait prendre une heure me dit-il le plus calmement du monde. Devant mon énervement, il finit par me trouver un plan B (c'est ça l'Amérique du Sud :)) et me refourgue au bus qui arrive juste derrière.
Finalement j'aurais bien pu arriver en retard puisque le bus pour Ushuaia, pourtant arrivé à la gare bien en avance, partira avec 45 minutes de retard, sans qu'on sache bien pourquoi. Toujours est-il que je n'ai pas petit déjeuné puisque c'est un bus "con servicio" et que l'on m'a précisé que le petit déjeuner et le déjeuner seraient servis. Arf! Si j'avais su! En guise de petit déjeuner, on nous sert deux minuscules biscuits et un café hyper sucré. Le déjeuner ne sera pas plus copieux : deux petits sandwichs triangles "jamon y queso".
Mais bon, le pire est à venir : premier passage de frontière. Il faut en effet traverser un bout de Chili pour arriver en terre de feu. Et les Chiliens, ils ne rigolent pas avec ça. 45 minutes dans le froid avant d'obtenir un visa et de se faire fouiller son bagage. Pas le droit d'amener des pommes ni des produits laitiers ou animaux. Ca tombe bien justement je n'ai rien à manger dans mon sac. Par contre j'ai un couteau et lui il passe sans aucun problème. Allez comprendre :-)
Une heure plus tard, nouvelle pause : il faut attendre le ferry : eh oui, nous allons traverser le détroit de Magellan! Bon j'avoue, on a bien attendu mais quand même, c'est la classe non? J'ai traversé le détroit de Magellan!
C'est le bout du monde !!
16 h : j'en peux plus, j'ai fin et j'aimerais bien arriver. Mais il faut d'abord re-passer la frontière et cette fois ce sont les douaniers argentins qui font du zèle et demandent à fouiller les bagages en soute! "Ils veulent montrer leur petit pouvoir", râle un des chauffeurs du bus. De fait, leur petit pouvoir nous fait perdre encore une petite demi-heure. Mon estomac crie famine!
Vers 18h30 nous atteignons Rio Grande, la dernière ville avant Ushuaia. Et là, surprise: "ceux qui partent pour Ushuaia changent de bus, le prochain colectivo arrive dans quelques minutes!" Evidemment, ce sont des minutes argentines, donc ça prend un peu de temps. 3 h de plus, nous annonce le nouveau chauffeur. Dans le bus, nous ne sommes que deux voyageuses! La sensation d'être au bout du monde ne pourrait être plus présente. Surtout quand l'autre routarde descend à Tolhuin et que je me retrouve seule dans le bus, à la nuit tombée, dans des paysages totalement déserts. Pas trop trop envie qu'on tombe en panne là. Comme la dernière heure paraît longue. Pas une lumière à l'horizon, pas âme qui vive, à part les quelques voitures que l'on croise et qui me rassurent un peu : a priori le chauffeur m'emmène bien vers Ushuaia et pas dans un chemin de traverse pour m'égorger (je sais, je lis trop de polars).
Ce n'est que vers 22 h que mes pieds se posent enfin sur la ville la plus australe du monde (ou presque, j' y reviendrai)! Je n'ai qu'une hâte, poser mon sac, me détendre un peu au calme, manger un morceau et dormir. Ahah ! C'est la fête à l'auberge de jeunesse, tout le monde est attablé dans la salle/entrée et j'arrive à peine à entendre ce que me dit la fille de la réception. C'est soirée "homard" pour tout le monde m'annonce-t-elle, ravie, avant de me montrer le dortoir. Comment dire... De découragement, je serais presque ressortie pour réserver dans un hôtel. Impossible de poser un pied devant l'autre tellement le bordel règne. Je me vois attribuer le dernier lit, en hauteur, sans échelle évidemment sinon ce serait trop facile ! Pfiou, la fin du monde, décidément, ça se mérite!

lundi 7 octobre 2013

Inoubliable Perito Moreno...

Impossible de rester insensible au charme de Perito...
Non, ce n'est pas le bel Argentin que tout le monde me prédit que je vais ramener! Enfin Perito Moreno était bien un monsieur mais ça fait un bail qu'il a passé l'arme à gauche. C'était un explorateur, adulé ici, qui a permis notamment de marquer la frontière avec le Chili. En hommage, on a notamment donné son nom à l'un des glaciers les plus impressionnants d'Amérique du Sud. Et j'avoue : c'est comme pour le Machu Picchu, on a beau avoir vu des dizaines, voire des centaines de photos, l'arrivée vers le glacier, cette première seconde où il apparaît sous les yeux, coupe vraiment le souffle.
Une véritable barrière de glace de plusieurs dizaines de mètres s'élève dans l'eau, à perte de vue. Les couleurs, du blanc au bleu presque foncé, sont incroyables. chaque année, la glace avance de quelques mètres. En descendant du glacier, elle se réchauffe, fond peu à peu et finit par s'effondrer par grosses plaques dans la lagune. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi impressionnant : les tonnes de glace se fracassent à la surface de l'eau avec un bruit de tonnerre incroyable. On pourrait rester des heures à contempler ce spectacle vraiment hors du commun.
I did it !
Mais ma mission du jour, c'est d'escalader le Perito Moreno, oui oui, rien que ça! :-) Oui bon OK, pas toute seule. Nous sommes une vingtaine de privilégiés à avoir eu une place pour la randonnée "big ice" : 6 h de marche, dont 4 sur le glacier, avec des crampons et 4 guides spécialisés pour nous éviter de tomber dans les crevasses ou les puis sans fond qui drainent l'eau jusque sous le glacier c'est à dire 180 m plus bas. Ca fait haut pour tomber dans une eau à 2 degrés, c'est sûr.
Alors, première expérience intéressante : les crampons! Après avoir galéré pour grimper sur des sommets enneigés cette semaine, j'apprécie : on peut marcher dans tous les sens, monter, descendre : on ne dérape pas du tout, un vrai bonheur! S'ensuivent 4 heures magiques à explorer les crevasses du glacier, à contempler les eaux d'un bleu turquoise incomparable, à s'engouffrer dans des tunnels naturels en espérant qu'on va en ressortir (oui, je suis légèrement claustrophobe...).
Gloups le tunnel !
Pour tout dire j'étais un peu maussade aux premières minutes de l'excursion, rapport au froid, à la pluie et au vent qui sévissaient en haut du glacier. Mais impossible de ne pas se laisser séduire par la magie du lieu et du moment. C'est donc avec une grande nostalgie que demain soir je vais quitter la Patagonie (à 3h du matin en fait, bizarre comme horaire de bus...). Après la glace, le Feu de la terre de la fin du monde...
 

dimanche 6 octobre 2013

El Chalten, capitale nationale du trekking et ville de pionniers

Alors comment dire... Si j'ai pris un peu de retard dans mon blog c'est que je viens de passer trois jours dans un endroit presque (presque hein, faut pas exagérer non plus, c'est l'Argentine) coupé du monde, pour mon plus grand plaisir.


El Chalten, mon petit coin de Patagonie
El Chalten, c'est un village de 3000 âmes, niché au pied du Fitz Roy, une des "montagnes sacrées" des Argentins, particulièrement difficile à escalader. C'est d'ailleurs une équipe de Français qui est parvenue à vaincre ce "mur" de 3400 mètres, dont près de 2000 mètres pratiquement à la verticale. Bref : El Chalten, en 1980, n'existait pas. Seules quelques caravanes accueillaient les andinistes qui venaient se mesurer au Fitz Roy. Sauf que ces montagnes sont très proches de la frontière avec le Chili. C'est donc le gouvernement argentin qui a décidé de créer ce village de toutes pièces, en 1985, pour s'assurer que le Chili ne rognerait pas sur sa frontière.

Des heures de marche dans des paysages incroyables.
Et la mayonnaise a pris, si je puis dire. Aux ferrus d'escalade se sont ajoutés les adeptes de la marche en montagne. La région fait partie du parc national des glaciers et de nombreux sentiers, très bien balisés, ont été tracés dans les montagnes. Pas pour les marcheurs du dimanche, comme dirait le Routard, mais tout à fait faisable quand même. El Chalten a donc assez rapidement pris de l'ampleur, même si la plupart des hôtels et restaurant ne sont ouverts qu'entre octobre et avril.

Arrivée en ce 2 octobre, jour d'ouverture de la saison, il régnait donc une ambiance toute particulière : seuls quelques restaurants étaient ouverts, les étagères du petit supermarché quasiment vides à l'exception de quelques conserves... L'impression géniale d'être dans un endroit coupé de tout! Et très vite, on réalise que la vie est en train de reprendre ses droits : au fil des jours qui passent, de plus en plus de restaurants rouvrent leurs portes. Très vite, on réalise que le village est par ailleurs en pleine expansion. Partout, les coups de marteau résonnent, à chaque coin de rue on trouve des bâtiments en cours de construction, des ouvriers qui s'affairent. Quelque chose me dit que d'ici 5 ou 10 ans, l'ambiance sera déjà moins intéressante.

Mais il restera les longues marches dans ces paysages spectaculaires les glaciers que l'on peut approcher à quelques mètres, la vue sur le vertigineux Fitz Roy, les courbatures après 9 h de marche et 800 mètres de dénivelé, les bons plats chaud et le verre de vin rouge dans le petit restaurant familial après une longue journée. A El Chalten, j'ai trouvé la Patagonie et j'y serais bien restée! Mais le temps passe et je n'ai plus que 5 jours pour accomplir mes deux dernières étapes. Demain, je pars à l'assaut du glacier Perito Moreno : 4 h de marche sur le glacier!

samedi 5 octobre 2013

De la passion des Argentins pour les années 80

32 heures de bus, le temps d'admirer le paysage !
Bon, un petit post pour me relaxer après près de 10 h de marche en montagne. Me voici donc arrivée dans la charmante bourgade d'El Chalten, au fin fond de la Patagonie, vraiment. Ce qui explique qu'il m'ait fallu 32 heures de trajet pour y poser mon sac à dos (enfin mon sac à roulettes, je m'embourgeoise); Bref, tout ça pour dire que du coup j'ai bien eu le temps d'étudier, pendant ce voyage en bus et ceux qui ont précédé, les goûts des Argentins en termes de musique. Evidemment, on s'entend que les goûts de chauffeurs de bus ne sont pas forcément ceux de l'Argentin "moyen". Mais ce qui est frappant, c'est que tous les bus, sans exception, nous ont proposé un petit florilège des plus grands tubes des années 80, parfois avec le clip qui va avec (mais en décalé, ce qui fait que Sabrina se dandinait sur une chanson de Brian Adams, par exemple).
Madonna, Elton John, Sabrina donc, Roxette (que j'avais totalement oublié!), Desireless même et, globalement, tous les tubes qui rentraient dans la tête et ne voulaient plus en sortir. Ca fait donc trois semaines que je me surprends régulièrement à fredonner "One more night", "YMCA" ou encore "She's got the look" alors que je ne les ai jamais réellement écoutés. Mais le plus drôle, ça reste vraiment de revoir les clips, il y a des looks et des gestuelles (le petit jeté d'épaule par exemple, ils le faisaient tous) qui vieillissent mal, très mal en fait.
Mis à part ces petits intermèdes musicaux, les bus argentins sont très agréables. Pour les trajets de nuit, je choisis toujours des sièges "cama" qui s'inclinent à 160% (la précision est importante!) et, à moins que je me retrouve à l'étage du haut, en général j'arrive presque à dormir normalement. En plus d'être donc "logés" nous sommes également nourris, puisque petit déj, déj, goûter et diner sont servis à bord. Vraiment pas mauvais en plus!
Ajoutez à cela que nous avons souvent droit à des films récents et que les bus arrivent à l'heure... Vous conviendrez que le système est presque parfait :-)!
Pour ceux qui auraient l'intention de voyager en Argentine prochainement, je recommande Andesmar pour le service et Via Bariloche pour le confort. Si vous pouvez, évitez Don Otto, un peu décevant par rapport aux autres. Mais bon, ils se valent tous plus ou moins et, surtout, ils ne sont pas nécessairement sur les mêmes trajets donc vous n'aurez pas forcément le choix.

mardi 1 octobre 2013

Les touristes étrangers, vaches à lait des Argentins?

Je sais, j'ai déjà parlé d'argent pas mal dans mes derniers posts mais c'est vraiment un sujet omniprésent ici et, cette fois, il s'agit surtout de râler. Je suis française, après tout!

Rencontre entre une Manchoise et un manchot ;)
A Puerto Madryn, le sentiment d'être pris pour un dollar sur patte est beaucoup présent que dans toutes les autres villes où j'ai fait escale jusqu'à présent. Tous les touristes étrangers que je croise ont le même discours: "On a explosé notre budget", "On n'a pas pu aller voir les baleines, c'était trop cher", "On cherche quelqu'un pour louer une voiture avec nous"... Les distances sont énormes, les locations de voiture hors de prix, les prix des excursions exorbitants...
Cerise sur le gâteau : les touristes étrangers ne paient pas tout à fait le même prix que les touriste nationaux quand il s'agit dans les parcs ou les musées. Deux exemples récents.
>> Péninsula Valdès : 40 pesos pour les Argentins, 130 pesos pour les étrangers
>> Punta Tombo : 30 pesos pour les Argentins, 78 pesos pour les étrangers
Ce qui m'énerve le plus, c'est que ce sont des sites naturels, pour lesquels personne n'a investi quoi que ce soit, si ce n'est quelques mètres de cordes pour empêcher les gens d'aller sur la plage où se trouvent les manchots ou les éléphants de mer. Aujourd'hui, à Punta Tombo, ça m'a vraiment choquée. C'est là que crèche la plus grande colonie de manchots de Magellan, pas moins de 250000 nids, tout de même. Ultra impressionnant, magique même, donc je ne regrette pas un peso dépensé pour y aller. Mais les autorités sont en train de transformer ce phénomène naturel en véritable phénomène de foire. Depuis quelques années, un chemin a été construit ainsi qu'un restaurant et des installations qui visent visiblement le tourisme de masse, même si pour l'instant ça n'est pas encore le cas (c'est vraiment au bout du monde, 3h de route depuis Puerto Madryn, dont 22 km sur une piste). Et ça m'énerve vraiment, de penser que les gens se font du fric sur le dos des manchots.

Quant à la différence entre Argentins et étrangers, je peux la comprendre jusqu'à un certain point mais là ça dépasse les bornes de limites. En venant ici, en dépensant des sous dans les hôtels, les restaurants, les sorties, nous contribuons tout de même déjà pas mal au PNB non? Plusieurs guides m'ont dit ces derniers jours que depuis deux ou trois ans, il y avait beaucoup moins de touristes européens et qu'ils accueillaient essentiellement des nationaux. Phénomène également observé de mon côté, je suis presque toujours la seule européenne. Paradoxalement, à l'inverse, les touristes peuvent se faire soigner gratuitement ici. Ce que je ne trouve pas juste dans l'autre sens : on ne contribue pas au système de santé, il n'y a pas de raison qu'on puisse en profiter gratuitement.
Bref, avec la diminution des touristes dollarisés, le pays reverra peut-être sa politique?

Une journée sur la peninsula Valdès, priceless (ou presque)

Ils sont trop mignons ces petits manchots de Magellan.
Aujourd'hui, j'ai vu des guanacos, des renards, des manchots, des lièvres de Patagonie, des moufettes, des éléphants de mer, des manchots de Magellan et des baleines. Et non, je n'étais pas au zoo.
Comme tous les touristes qui traînent leurs guêtres jusqu'à Puerto Madryn, je suis venue voir les bêbêtes sauvages qui traînent pas ici. Et pour ça, il faut aller faire le tour de la Péninsula Valdès.  Pour ça, pas beaucoup de choix : soit on loue une voiture, soit on prend une excursion. Deuxième option pour moi aujourd'hui, il n'y avait plus de voitures disponibles.
Ce qui frappe au premier abord c'est... qu'il n'y a rien! Question paysage, c'est légèrement monotone : un terrain quasiment plat et une végétation à ras du sol, du bush quoi. Mais très vite, la faune vient compenser ce que la flore n'a pas à offrir. A peine franchie la limite du "parc", nous apercevons un petit guanaco, typique d'ici. Il ressemble beaucoup au lama, à la vigogne ou encore à l'alpage. Et puis tout au long de la route qui nous mène vers la mer, les belles découvertes s'enchaînent : des lièvres de Patagonie, qui ont l'ait de porter un paletot, par exemple. Ces petites bêtes se déplacent toujours par deux, ils sont monogames et forment le même couple jusqu'à la mort, nous explique notre guide.
Plus loin, un petit renard gris (c'est là que j'ai réalisé que Zorro, en espagnol, veut dire renard... Je sais, j'ai honte), une moufette... Et quantité de moutons car ces terres sont en fait des propriétés privées, des estancias, qui sont tenus par les mêmes quelques familles de la péninsule depuis des générations.
Les éléphants de mer, des patates avachies sur la plage...
Première escale : les pingouins! Ah non, les manchots, pas pareil!! Incroyable, ils ont fait leurs nids sur la côte et nous pouvons les approcher à quelques centimètres sans que ça les perturbe pour autant. Ils sont trop mignons, avec leur démarche de "canard". Puis petit détour pour aller observer les éléphants de mer. Je sais pas si vous avez déjà vu ces espèces de gros pachydermes, c'est vraiment impressionnant, on dirait de grosses pommes de terre de plusieurs tonnes. A Punta Delgado, on peut observer une colonie particulièrement importante et c'est la saison des naissances, donc particulièrement intéressant. Coup de bol, nous avons droit au grand spectacle : à notre arrivée, deux mâles sont en train de se battre presque à mort (mais s'arrêtent heureusement avant). Des dizaines de bébés sont en train de boire auprès de leur mère. Et puis soudain, LE grand moment : une femelle est en train "d'accoucher"... Nous le repérons cars les mouettes se précipitent vers elle, pour récupérer le placenta, qu'elles engloutissent (oui, beurk). Le bébé fait déjà une quarantaine de kilos, mais il paraît tout petit à côté de ses parents...
Vient ensuite LA grande étape de la journée : le bateau pour aller observer les baleines. J'avoue que j'ai un peu peur de leur vomir dessus vu la mer un peu démontée mais non, le bateau reste bizarrement assez stable. Et surtout, tout ça est bien vite oublié dès qu'on aperçoit les premières baleines. Elles sont à quelques centimètres! Certaines passent sous le bateau, d'autres assurent le spectacle.... 1h30 de magie... Mais on comprend vite pourquoi cette espèce a été décimée par l'être humain il y a quelques années : les "right whales" aiment bien les humains, elles n'ont pas peur et semblent s'amuser à nous approcher au plus près... Pas une très bonne idée pour elles, en fait!
Bref, vous l'aurez compris, la péninsule Valdès, c'est l'endroit rêvé pour voir des animaux "exotiques" dans leur habitat naturel. Mais n'espérez pas pouvoir sortir des sentiers battus. Ici tout est ultra balisé, toutes les terres sont privées et il est totalement impossible de s'échapper du programme concocté pour les touristes. Un peu frustrant, tant on aimerait pouvoir se promener sur la péninsule et profiter de ces grands espaces complètement vierges.
Bon, et quand je dis priceless, c'est vraiment pour la formule parce qu'en fait, ça a un prix tout ça : à peur près 150 euros la journée. Même en y allant par ses propres moyennes on ne descend pas en dessous de 130. A ce prix-là, il vaut mieux réussir ses photos! ;-)