jeudi 13 février 2014

Schizophrénie andalouse

Quand je dis des centaines d'arches j'exagère pas!
Non rassurez-vous, le soleil ne m'a pas tapé sur la tête (je risque plutôt le rhume de cerveau, vu la météo). Mais aujourd'hui j'ai visité la mosquée cathédrole de Cordoue et je continue de m'étonner du mélange des genres. Si je pensais que Grenade en était le parfait exemple, c'est que je n'avais pas encore vu Cordoue!

Je résume : LE must-see de Cordoue est une ancienne mosquée, transformée en cathédrale, située en plein cœur du quartier juif! Voilà voilà. Le résultat est à la hauteur de l'histoire : grandiose, surprenant et indiscutablement unique. A côté, Sainte-Sophie à Istanbul, c'est de la gnognotte! Imaginez : des centaines d'arches bicolores, à perte de vue. Et au milieu, une nef du plus pur baroque espagnol.


Pas mal non?
Comment en est-on arrivée là? Alors tout commence avec les Wisigoths, qui construisent à cet endroit, au bord du fleuve, une petite basilique. Les Arabes débarquent, rachètent une partie du lieu et le transforment en mosquée, en se servant des piliers. Un peu plus tard ils décident de s'agrandir, deuxième série de piliers. Ils rajouent un mirhab, tournée vers la Mecque, orné de fresques orientales. A l'époque, c'est l'une des plus grandes mosquées qui existent (et j'avoue, elle est  vraiment immense). Les gens prient à l'intérieur ou à l'extérieur, dans le patio.

1236 : bim, les Catholique reprennent le contrôle de Cordoue. Et avant de mettre en avant leur héritage espagnol, c'est leur appartenance religieuse qui semble importer. Ni une ni deux : la mosquée sera transformée en cathédrale. Les habitants ne sont pas tout à fait pour à vrai dire. Lorsque le roi, Charles Quint je crois, demande à ses architectes de construire une nef de cathédrale en plein de cœur de la mosquée, des voix d'élèvent contre le projet. Mais Carlito tient bon et la cathédrale voit le jour. Sauf qu'une fois les travaux terminés, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances et le roi envoie balader les architecte en leur disant qu'ils ont détruit un truc unique pour y installer quelque chose que n'importe qui aurait pu faire, n'importe où. Bah oui mai il était trop tard. D'où l'importance de se mettre d'accord avant, avec un vrai cahier des charges, des plans et un devis clair et précis!


Et donc la fameuse cathédrale...
Ce qui est très drôle avec cette mosquée cathédrale, c'est que personne ne la voit de la même façon. Par exemple, mon Routard parle de la moquée tout le temps. A l'inverse, mon Lonely parle de la cathédrale. Et alors les Andoulous... Tous les restaurants et hôtels alentour s'appellent Mezquita quelque chose mais on se rend... A la Cathédrale! En entrant dans le patio, j'ai même eu un moment de doute, puisque Mezquita n'est écrit nulle part!

Aujourd'hui cecit dit, c'est bien une cathédrale puisque des messes y sont célébrées. Il y a 10 ans, les Musulmans d'Espagne ont demandé à pouvoir utiliser la mezquita, mais le Vatican a refusé...

mercredi 12 février 2014

Bienvenue à Granada, le melting pot de l'Andalousie

Les petites rues du quartier arabe...
1492. Oui je sais, c'est l'année où Cristobal a posé les pieds en Amérique. Mais pas que. Le 2 janvier marque également la fin de la "Reconquista" : les Catholiques ont repris Grenade, dernière ville où les Arabes étaient implantés depuis 800 ans.
Résultat : un mélange de cultures ultra-intéressant, qui se cristallise dans l'architecture. C'est le cas notamment dans les incroyables palais et jardins de l'Alhambra, mais aussi de nombre de monuments à Grenade. En fait, le mélange des deux cultures est même devenu un style à part entière : le mudéjar. Un mélange d'arabesques, de sculptures, de travail de la faïence typiquement arabe et des formes et azulejos beaucoup plus "catholiques". Au final, difficile de dire qui a influencé qui : on ne voit plus que l'harmonieux mélange des genres. Belle image non?

Bon, évidemment, dans la vraie vie, ça ne s'est pas mélangé si bien et si facilement que ça. Quand les Catholiques ont reconquis Grenade, ils ont laissé une sorte de "choix" aux Musulmans : soit ils se convertissaient, soit ils faisaient leurs valises. Bon nombre se sont convertis, d'autres ont sans doute fait semblant. Quoi qu'il en soit, les Catholiques voulaient quand même qu'ils restent... Pour leur art! Eh oui, ils appréciaient la légèreté, la beauté des bâtiments musulmans, et notamment leur façon de travailler le bois. Si certaines mosquées ont été rasées, d'autres ont été "détournées" de leur usage d'origine. Juste en face de la cathédrale, il ne reste de l'ancienne mosquée qu'une salle de prière, le reste a été transformé en salle du conseil. Mais pour faire le plafond de la salle de conférence, les nouveaux dirigeants... Ont embauché des Arabes, "les seuls à savoir faire tenir toutes ces pièces de bois sans un seul clou!" explique le guide.

Senoras y senores, la Alhambra, vue depuis le quartier de l'Albaicin.
Aujourd'hui encore, Grenade compte 15% à 20% de Musulmans (dixit le guide, je n'ai pas pu vérifier). Et j'adore : dans l'Albaicin, la vieille ville, il y a des rues entière qui ressemblent à des souks, artisanat arabe compris. Je dois vraiment me faire violence pour ne pas craquer pour un pouf marocain en cuire, des babouches ou une lampe en fer forgé (un peu compliqué à ramener dans ma valise qui doit faire 55 cm de haut et 40 cm de large au max).

Et puis à Grenade, il y a aussi les maisons troglodytes, l'ancien quartier gitan. C'est là qu'ont lieu la plupart des spectacles de flamenco. De là aussi qu'on a la meilleure vue sur l'Alhambra et le centre-ville. Mais alors le moins que l'on puisse dire, c'est que la vue se mérite. L'ensemble du Sacromonte, ce fameux quartier, n'est qu'un dédale d'escaliers et de ruelles super pentues. On y passe un moment réellement hors du temps et de la réalité de la ville. Dans les hauteurs, les cactus remplacent les arbustes et les habitants vivent dans des cavernes. Nombre d'entre eux sont en train d'arroser leur petit bout de jardin, fait de bric et de broc.

L'Albaicin...
Redescendre doucement, replonger dans les rues de l'Albaicin pour un petit thé à la menthe bien mérité et... Reposer les pieds sur terre : c'est qu'il est presque l'heure de mon apéro vino tinto-tapas!!

mardi 11 février 2014

Sevilla sin la lluvia, que maravillosa !

Cela va être compliqué de résumer ces deux derniers jours, riches en belles découvertes. Je vais donc essayer d'y aller par thèmes Lundi, j'ai fait un bon semi-marathon... En marchant. Au moins je sais que je serai capable de le finir le 2 mars, même si ça doit me prendre 4 h! Eh oui, lundi, il a fait un temps ma-gni-fi-que, celui, précisément, qu'on imagine quand on parle de l'Andalousie. J'en ai donc visiter tout ce que je j'avais pas pu voir (ou mal) la veille.

Les Jardins d'Alcazar : ç'aurait été vraiment dommage de manquer ça. des jardins immenses, des labyrinthes (idéal pour perdre les enfants quand ils ne sont pas sages :D) à n'en plus finir et des fontaines incroyables... Le tout particulièrement bien entretenu (je me demande combien de jardiniers oeuvrent ici, j'en ai croisé une bonne dizaine en ce lundi matin).

Plaza de Espana
La plaza de España, caramba!! Comme ce fait-il qu'on ne parle pas davantage de cet endroit. Apparemment, Séville avait déjà accueilli une expo universelle en 1929. Nous avons le tour Eiffel, ils ont la place d'Espagne! Une succession de bâtiments recouverts d'azulejos, disposés en demi-cercle, avec des canaux qu'enjambent des ponts style Venise (enfin, je n'y suis jamais allée, mais dans ma tête, ça y ressemble). Eux aussi recouverts d'azulejos. Le tout a un air de conte de fée, c'est assez surréaliste. Ah oui, magnifique aussi. Sans compter l'immense parc dans lequel courent de nombreux joggers (bref, mais intense, moment de culpabilité ici. Je sens que je ne serai jamais prête pour le semi-marathon!).

Les rives du Guadalquivir. Là aussi, beaucoup de courir. Une très belle promenade quand il fait bon, qui permet d'admirer la rive côté Triana, le quartier du flamenco, de l'autre côté.

Triana. C'est justement là que je choisis de faire ma pause déjeuner. Beaucoup moins touristique, plus vivant et tout aussi charmant. Avec de nombreux petits restaurants à tapas (il faudra que je me souvienne d'écrire un post sur les tapas, quelle idée géniale pour les petits appétits comme moi :)).

S'ensuit une longue marche dans les quartiers nord de la ville, beaucoup plus résidentiels, agréable excursion qui procure un peu de calme. Petite escale pour déguster quelques churros bien mérités et il est déjà temps de rentrer récupérer mon sac, non sans avoir fait un dernier tour dans le quartier d'Afalfa, histoire de faire un peu de lèche-vitrines.

Jardins de l'Alcazar
Ce soir, je prends le bus pour Granada. Il paraît que le bus, c'est pour les pauvre, m'a-t-on dit.. ;) Bon alors déjà à 30 euros le billet, je trouve qu'il faut être un pauvre riche quand même. Mais surtout, belle surprise à l'intérieur : il y a du wifi, on nous sert un encas et on nous distribue des écouteurs pour se brancher sur la radio du bus. Bien utile pour tenter d'oublier la dame du premier rang qui passera les trois heures du trajet à crier dans son téléphone. Je n'exagère même pas...

Une journée bien remplie qui me laisse totalement sur les rotules, même pas les force, une fois dans mon hôtel, de ressortir pour casser la croûte... Mais Séville vaut largement quelques ampoules aux pieds.

dimanche 9 février 2014

Je disais quoi ? La douceur de vivre ?!

Le palais de l'Alcazar, un chef d'œuvre vraiment incroyable.
Alors comment dire... Je pourrais quasiment copier coller le même post que celui de mon arrivée à Buenos Aires, quand il a plu 36 heures d'affilée. Bon bin là, on est déjà à 7 heures d'affilée, soit depuis le moment où je suis sortie, jusqu'au moment où j'ai fini par capituler et rentrer dans ma chambre d'hôtel.
Résumons la situation : hier il a plu mais, la plupart du temps, sauf entre 15h et 16h, c'était un petit crachin pas méchant, qui n'empêchait vraiment pas de se promener ni de profiter. Même chose ce matin entre 10h et 11h. Je me suis donc dirigée confiante vers l'Alcazar, LA beauté de Séville. Je n'étais pas encore entrée que la pluie a commencé à s'intensifier. La visite du palais s'est tout de même déroulée sans encombres, les patios étant reliés entre eux par des allées couvertes, les pièces plus belles les unes que les autres.
Finis les jardins de l'Alcazar...
Mais au moment de passer aux jardins... Bad surprise ! Ils sont fermés "à cause de la pluie, c'est dangereux", m'explique une gardienne. Seul point positif de l'histoire : comme les Espagnols sont beaucoup plus cools que les Français, la gardien de la sortie m'a tamponné mon billet pour que je puisse revenir demain. Si toutefois la pluie s'arrête un jour...
Encore pleine d'optimisme, je me dis que cette fichue pluie, qui s'est effectivement bien intensifiée (et qui, surtout, est désormais accompagnée de vent), va bien finir par s'arrêter et, en attendant, je fais un petit crochet par les archives de l'Inde, en fait des archives sur les explorateurs qui partirent à l'assaut des Amériques (bin oui, à l'époque ils partaient quand même pour l'Inde!).
Peine perdue... Quand je ressors, c'est pire! Après 30 minutes de refuge au Starbucks du coin, je décide que, puisque je suis là, autant essayer d'en profiter, quitte à être trempée. J'ai donc à peu près respecté mon planning de départ, sauf qu'effectué au pas de course et avec un enthousiasme beaucoup moins élevé que les températures (oui, quand même, heureusement, au moins on caille pas... 15 degrés!). Rives du Guadalquivir (c'est vrai, ça a l'air beau, j'aurais sans doute beaucoup aimé y courir tel que prévu), arènes (sans y entrer, la tauromachie c'est pas mon truc), église San Salvador (démesure baroque, gloups. Mais au moins 15 minutes de répit sans pluie) et petit détour par le Métropol parasol ou la Gaufre, pour les Sévillans.
Metropol parasol... Ils étaient bourrés quand ils ont décidé de faire ça ?
Dès le premier coup d'œil, on comprend que ça n'ait pas plu à tout le monde, voire à personne. Une espèce de structure métallique genre soucoupe volante, quadrillée comme une gaufre, surplombe la place pourtant jolie par ailleurs, avec ses vieux bâtiment et son église au toit en céramique... Je ne sais pas ce qui a bien pu leur prendre, honnêtement. Je ne vois pas qui peut trouver ça joli, en fait... Et alors côté pratique, ça doit être bien difficile à entretenir!
Bref, mes bottes sont tellement détrempées que mes pieds pataugent à l'intérieur, mon collant est bon à essorer, comme ma robe, mes cheveux ou même les manches de mon manteau... Je crois qu'il est temps de rentrer ! Retour à l'hôtel à 16h20, une grande première pour mois. Ce soir, pour compenser, je m'offre un festin! Non mais oh!
 

samedi 8 février 2014

De la douceur andalouse

Les orangers de la cathédrale...
Comment dire... Je ne partais pas vraiment dans les meilleures conditions : mal de tête, journée de boulot particulièrement difficile et arrivée super tardive dans une ville inconnue, donc pas nécessairement facile à gérer. Mais la douceur andalouse vous saisit dès la descente de l'avion.
Au sens propre, d'abord : il est presque minuit et il fait pratiquement 15 degrés, je suffoque avec mon manteau et mon écharpe! Et puis au sens figuré aussi. Le chauffeur de bus qui m'indique où descendre pour rallier mon hôtel, le réceptionniste qui m'accueille chaleureusement... Et la chambre, une des plus belles que j'ai jamais eues (bon, ok, il est vrai que je suis souvent en auberge de jeunesse, mais quand même), dans un hôtel magnifique, au patio recouvert d'azulejos... Sans compter l'animation dans les rues à cette heure déjà tardive pour une française : petits bars et petits restos un peu partout, braseros... J'ai déjà oublié que c'était l'hiver moi!


Conciliabule entre prêtres.
Douceur de vivre dans l'assiette également : ce matin, j'ai commencé ma journée par un petit desayuno traditionnel apparemment : du pain à la tomate et du pain au jambon, arrosés d'un vrai café au lait et d'un jus d'orange fraichement pressé. Le tout pour ... 4,70 euros! Eh oui, je vous le dis mesdames et messieurs, la douceur de vivre à Séville.

Une fois rassasiée, je me suis attaquée à l'une des attractions la plus prisées d'Andalousie : la cathédrale. Pas mon premier choix a priori, mais le crachin aidant, j'ai opté pour une activité d'intérieur et... J'ai bien fait! Franchement, je ne suis pas une grand fan des église et autres bondieuseries mais là j'avoue que quand on débarque du petit corridor qui débouche directement dans la cathédrale c'est... époustouflant! Et puis c'est quand même la que repose ce cher Cristobal Colon alors rien que ça, ça vaut le détour! La surprise du jour : une messe "d'introduction des vierges" (je ne veux même pas savoir que ce que c'est!) était au programme, avec défilé de prêtres tout de blanc vêtus et conciliabules. Moment de franche rigolade quand deux prêtres débarquent en retard et essoufflés, se frayant un chemin dans la foule pour rejoindre leurs frères. On est espagnol ou on ne l'est pas.


Mon petit moment de solitude...
Bon, c'est juste après la visite de la cathédrale que la douceur andalouse s'est transformée en déluge andalou. J'y ai quand même laissé un parapluie, acheté un 2e (il a l'air plus solide) et bousillé mes bottes, qui sont complètement détrempées. J'avoue avoir eu un petit moment de découragement lorsque j'ai dû acheter un poncho de pluie... Ce n'était pas exactement comme ça que j'avais imaginé mon séjour à Séville ! Mais bon, découragement passager tellement il est impossible de ne pas s'émerveiller devant ces rues aux bâtiments majestueux, époustouflants de beauté et surtout omniprésents. C'est sûr, je n'ai vu que l'hyper centre, peut-être que la banlieue de Séville est pleine de tours immondes mais en tout cas, Santa Cruz et le Centro m'ont instantanément séduite. Ca se pourrait bien que je n'aie pas envie de rentrer à la fin de la semaine !