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Mina la caractérielle |
Voilà, j’ai survécu à ce
qui aura été, de loin, l’étape la plus roots de mon voyage. La dernière étape
aussi puisque, toutes les bonnes choses ayant une fin (de même que mes
économies), il va désormais falloir penser à rentrer.
Bref, donc lundi soir, je
suis arrivée à Bukit Lawang. Encore une fois, le trajet ne fut pas une mince
affaire : 2 vols avec Lion Air, une compagnie sur la liste noire
européenne (mais bon, comme la plupart des compagnies indonésiennes, donc
parfois on n’a juste pas le choix) : 2 heures de retard au compteur et
encore 5 heures de voiture pour faire 70 km pour arriver tout au bout de la
route. Après, il n’y a plus rien, juste la jungle. Le trajet se termine d’ailleurs à moto pour
arriver jusqu’à mon hôtel, pratiquement le dernier du village. Aujourd’hui,
même si le confort est rudimentaire, les hôtels et les guest-houses ne manquent
pas. Un véritable renouveau pour ce village, victime d’une inondation-flash en
2003, qui a fait presque 300 morts. Il faut dire que la rivière au bord de
laquelle est construit Bukit Lawang est plutôt du genre nerveux. Bref, ici,
tout le monde a perdu des proches dans la catastrophe et le sujet revient
souvent.
Tout ça pour dire que
débarquer à Bukit Lawang, c’est déjà pénétrer dans un monde à part,
bienveillant mais pas forcément rassurant au premier abord pour le touriste. Mais
ce n’est RIEN comparé à la journée qui l’attend le lendemain s’il a décidé de
s’aventurer dans la jungle. Ce qui fut mon cas bien sûr. Moi aussi je voulais
voir les orangs-outans ! J’ai donc opté pour un trek de 2 jours, le plus
populaire ici car il permet de vraiment s’imprégner de la jungle, sans pour
autant passer trop de nuit sous la « tente ». Nous sommes donc 4,
deux guides, un touriste australien du genre Indiana Jones des temps modernes,
et moi, à nous lancer sur le petit sentier escarpé. L’effort est soutenu, mais
il est vite récompensé puisque nous apercevons notre première maman
orang-outan, avec son bébé de trois ans. Ici, les orangs-outans sont
« semi-wild » : ils ont été soignés dans un centre tout proche
puis remis en liberté. Pour faciliter leur ré-acclimatation, le centre met de la nourriture de base à la disposition
des mamans, quand elles ont des petits. Pas facile de décrire ce spectacle
vraiment hors du commun. Perchée dans son arbre, la maman nous observe
placidement, pendant que le petit joue en passant d’une branche à l’autre.
Contrairement à d’autres singes, les orangs-outans ne descendent presque jamais
sur la terre ferme, pour éviter leurs prédateurs, les tigres et les pumas
notamment (ah tiens, donc ce soir on dort à la belle étoile, dans un endroit où
il y a des tigres ? Nice…). Si Madame Orang-Outan n’a pas spécialement
l’air surprise, encore moins émerveillée de nous voir, pour les touristes le
spectacle est saisissant. C’est qu’ils ont vraiment l’air tout droit venus de
la préhistoire, ces bonhommes poilus au visage expressif. Un peu plus loin,
nous croisons Mina, une autre maman, célèbre pour son mauvais caractère. Et ça
ne manque pas : à peine voit-elle notre petit groupe débarquer qu’elle
descend prestement de son arbre et
s’accroche au sac à dos de notre guide, l’empêchant de passer. Mina veut
à manger et sait très bien que nous transportant tout un tas de nourriture.
Elle aura donc droit à quelques bananes. « Entrance fee ! » nous
explique notre guide. En réalité, normalement, on n’est pas censé les nourrir,
ni les toucher : ils sont sensibles aux maladies humaines et on risque de
contaminer toute la communauté. Au total, nous verrons une dizaine
d’orangs-outans, et plein de macaques, Thomas leaf monkeys et autres petites
bêtes du coin. De quoi oublier les kilomètres d’escalade déjà engloutis.
Mais ce que j’ignore à ce
moment-là, c’est que le plus dur reste à venir : en début d’après-midi, la
pluie tropicale commence doucement, puis s’intensifie, pour se terminer en véritable
déluge. Imaginez un trek dans la jungle, en terrain abrupt, sur de la terre
glaise. Voilà voilà. « Attention, l’hôpital le plus proche est très loin,
à Medan », prévient un des guides. Très rassurant, en effet.
Finalement, nous arrivons
sains et saufs au campement. Je ne peux pas en dire autant de mes chaussures
détrempées, encore moins de mes fringues, dont je me demande comment je vais
les faire sécher dans une ambiance aussi « humide ». Car dans ma
grande naïveté, et dans le but de voyager léger, je n’ai emporté absolument
aucun change ! Me voilà donc en maillot de bain et paréo, à attendre
gentiment que mes affaires sèchent au coin du feu.
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Le fameux "campement" |
Quelques mots sur ce
fameux « campement » où nous nous apprêtons à passer la nuit, au bord
de la rivière. Je parlerais plutôt d’un abri, composé de bâche et de tôles. Sur
le sol, on a posé un plastique, sur lequel le guide étale une natte :
c’est là que je vais dormir cette nuit, face à la rivière et dans cet abri de
fortune ouvert aux quatre vents… Pour se donner du courage et « pour être
sûr de dormir », mon guide et Luck, l’Australien, entament le concours de
celui qui fumera le plus d’herbe. « You become one with the Jungle »
m’explique Luck. Bon, ma curiosité n’ira pas jusque-là, j’aimerais autant avoir
toute ma tête si jamais un tigre ou des moustiques (plus vraisemblable tout de
même) débarquent en pleine nuit !
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Un excellent dîner : vegetable curry et poulet ! |
Le dîner, préparé sur un
feu au bord de la rivière par les petits cuisiniers du campement (des
ados !) est incroyablement savoureux ! Un vrai régal avant d’aller
s’allonger sur cette natte posée à même le sol. Gloups. Bon, je ne sais pas si
ce sont les 6 heures de marche dans la glaise, les vapeurs de la fumée de ma « team » ou le bruit
de la pluie battante sur le toit de tôle mais en tout cas, j’ai beaucoup mieux
dormi que ce que je craignais ! Au point d’enchaîner cette 2e
journée avec une facilité déconcertante : escalade pour arriver à une
cascade, parfaite pour une baignade rafraîchissante puis retour au village en
« tubing », une sorte de rafting local : quatre énormes chambres
à air attachées ensemble : un guide sur la première et la dernière chambre
à air, avec les bagages, les touristes sur celles du milieu et c’est parti pour
la descente des rapides ! Bon, il faut s’accrocher, s’assurer que les
bagages sont bien emballés dans du plastique mais sinon, quelle
sensation ! Et quelle rapidité aussi : en moins d’une demi-heure,
nous sommes de retour au village !
En pratique
>> Pour se rendre à
Bukit Lawang, le plus simple est d’arriver à l’aéroport de Medan et d’organiser
un taxi avec une agence du village. C’est assez cher, mais il vient vous
attendre à l’aéroport et vous emmène directement à votre hôtel. Compter environ
4 heures de route. C’est faisable en transport public aussi, mais super long et
compliqué : d’abord se rendre à la gare d’autobus de Medan puis prendre le
bus local et ensuite louer un becak pour se rendre au centre du village.
>> Les hôtels ne
manquent pas ici. Je suis au Garden Inn, qui possède plusieurs types de
chambres pas trop chères et au confort inégal. C’est propre, le resto est bon,
le patron parle hyper bien français. Pas
de wifi par contre. Le top du top apparemment c’est l’Eco Lodge, de l’autre
côté de la rivière.
>> Pour aller dans
la jungle, il est obligatoire d’avoir un guide (de toute façon, ce serait
totalement impossible sans guide) : il y a plusieurs agences ici. Si vous
voyagez seul, il faut mieux prévoir à l’avance, parce qu’il faut être au moins
deux pour partir. Je suis partie avec Sumatra Jungle Tour. Des guides sympas,
même si le mien avait franchement tendance à beaucoup trop fumer. Leur
campement est plus rudimentaire que certains. Les prix sont à peu près les
mêmes partout : environ 70 euros pour deux jours de trek, tout compris.
>> Pour le trek,
bien prévoir des vêtements de rechange, une lampe torche, de l’anti-moustique
mais aussi de quoi vous occuper le soir (il fait nuit à 18h). Beaucoup plus
difficile que ce que les guides laissent entendre, donc à réserver aux
personnes en forme, qui n’ont pas peur de grimper ou d’escalader un peu.